La revue De(s)générations aura bientôt dix ans. Elle s'est positionnée dès sa naissance dans une réflexion sur la filiation, et plus particulièrement avec les mouvements d'émancipation politique. La revue s'inscrit dans un moment qui a précédé sa naissance, celui d'une restauration politique dans laquelle nous évoluons encore.
En effet, c'est dans les années 1980 et 1990 que s'est distinguée notre pratique politique puisqu'elle s'est pensée dans la perspective des vaincus - les vaincus de l'émancipation. À cette époque, la pensée théorique apparaissait en panne, une panne proportionnelle au triomphe du néo-libéralisme social et politique et de la post-modernité culturelle.
«?Nous vivons actuellement une telle restauration, que la papauté ne peut que bénir. Mais pas plus que la restauration qui a suivi la Révolution française n'a pu effacer de la mémoire l'hypothèse du citoyen et de l'assemblement du peuple, la restauration présente ne saura évincer, quel qu'en soit son désir, l'hypothèse du partage que le communisme réel a trahie. ?»(1) [.] Pour la revue De(s)générations, les voix recouvertes et oubliées des vaincus d'hier peuvent ressurgir au coeur du présent afin de nous aider à débloquer un avenir que les conservateurs de droite et de gauche croient fermé à jamais dans leur fantasme de fin de l'Histoire ou dans leur pulsion triomphante d'un capitalisme, horizon indépassable de notre temps. C'est avec une mélancolie haute que joyeusement nous vous donnons à lire et à voir ce numéro 20.
Le comité de rédaction de De(s)générations