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Philosophie et poésie
María Zambrano, Jacques Ancet
- Corti
- En Lisant En Ecrivant
- 6 Juillet 2015
- 9782714311573
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« Les faits de l'histoire, qui loin d'occulter la vie la laissent transparaître, finissent par révéler leur sens très tard, c'est-à-dire quand on n'y peut plus rien, même en rêve. » C'est sans doute pour cette raison que Maria Zambrano choisit, en 1987, de réunir ces textes de différentes époques de sa vie, et de leur donner pour titre Sentiers, chemins philosophiques, historiques ou poétiques, qui tous représentent un moment de son action et un aspect de sa foi - foi en la puissance de l'esprit humain et de la culture sur les forces de mort et de violence, foi lumineuse qui a pour représentants privilégiés les deux figures de saint Jean de la Croix et d'Antigone. Le fascisme révéla à Maria Zambrano que le monde n'est pas « docile », qu'il est composé non « de choses » mais « d'événements ». Et que la tâche du penseur est d'en chercher la raison.
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Délire et destin ; les vingt ans d'une espagnole
María Zambrano
- Des femmes
- 4 Mars 1997
- 9782721004659
Écrite à La Havane au début des années cinquante, cette autobiographie à la troisième personne paraît en Espagne en 1989. Maria Zambrano évoque les grands événements historiques qui marquèrent son destin et celui de tous les Espagnols de sa génération, explorant en elle, comme dans l'âme espagnole, leur résonance.
« La pensée qui révèle la réalité crée un espace vital, respirable. L'une des fonctions vitales de la pensée est de rendre l'atmosphère respirable, de libérer les êtres humains de l'asphyxie due au manque d'espace intérieur, quand la conscience s'emplit d'ombres, d'incertitude, quand l'ombre des autres, y compris la nôtre, a rendu trop opaque notre espace intérieur, premier espace où nous nous mouvions, où nous existions. [...] C'est ainsi que parfois la pensée devient sang ; elle pénètre dans le sang et l'oblige à se verser, car nous ne pouvons simplement pas le lui refuser. » M.Z
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Maria Zambrano, chantre de la " raison poétique ", n'a pas eu, à proprement parler, le projet d'écrire des aphorismes.
Ceux-ci, choisis dans l'ensemble de son oeuvre, montrent de façon fulgurante la rigueur d'une pensée exigeante qui cherche l'harmonie des contraires. Harmonie entre raison et sentiment, idée et croyance, nécessité intérieure et déterminismes externes. La réflexion tente l'impossible : sortir de l'aporie, parvenir au coeur et à l'origine de ce qui pense en nous, mais au lieu de recourir à la déduction, la philosophe emprunte la voix de la contemplation intérieure.
Si la pensée de Maria Zambrano est si limpide, c'est qu'elle est portée par une forme poétique qui la rythme et incarne mieux les images que la pure abstraction.
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« Bien des savoirs ont disparu, réabsorbés dans l'ignorance du fait qu'ils étaient fragmentaires, et leur unité purement cumulative parce qu'ils n'étaient pas systématiques. Des sagesses entières ont pu se perdre et se sont perdues en effet ; leurs restes sont véhiculés depuis lors sous forme de superstitions, de vagues souvenirs ou d'assertions hermétiques, à la manière d'une écriture musicale dont on aurait perdu la clé. » M.Z.
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Maria Zambrano, disparue en 1991, fut une philosophe espagnole de premier plan. C'est habituellement ainsi qu'on la présente. Mais elle fut peut-être avant tout un authentique écrivain. Célèbre dans son pays (on vient de lui consacrer un film), elle l'est aussi en Amérique centrale, en Italie, en Suisse, partout où elle a vécu et où sa présence a marqué. Camus avait entamé les démarches pour la publier en France, lorsqu'il fut victime de l'accident de la route qui lui a coûté la vie. Il avait ce jour-là dans sa sacoche la traduction pour Gallimard de El Hombre y lo divino. Philosophe, écrivain - qualifier ainsi Maria Zambrano ne saurait pourtant suffire. Car il faudrait ajouter que la philosophie est à ses yeux une forme de vie, et que cette philosophie ne vaut rien si elle ne se trempe aux impérieux secrets de l'existence réelle. Démarche de profonde intériorité, qui veut que la pensée s'incline toujours devant la vie ; d'où la forme privilégiée par Maria Zambrano, celle de l'essai, libre, inspiré, clair et obscur tour à tour afin de solliciter le goût de la méditation et faire mesurer sa parenté avec tous les versants de la vie. Le volume présenté, précieuse introduction à toute l'oeuvre de l'écrivain, reprend les essais les plus décisifs de l'auteur ; chacun d'eux s'enracine dans les questions les plus difficiles parce qu'elles sont les plus simples : qu'est-ce que comprendre, qu'est-ce que le sentiment de l'exil, qu'est-ce que l'espérance, qu'est-ce que vivre en étant mû par ces mouvements profonds ? Avec Maria Zambrano, nous comprenons que lire, c'est nous engager dans le déchiffrement de notre propre histoire, sans rien oublier de ses tâtonnements et de ses moments de lumière.
Le recueil composé par le traducteur de ces essais, Jean-Marc Sourdillon, nous fait mesurer l'extraordinaire capacité d'attention au monde de la philosophe : toujours aussi intensément amoureuse de la vie et de sa capacité d'espérance, qu'elle écrive un essai ou une lettre à des amis. En sorte qu'on admire tout autant, dans le sentiment d'une intense unité, la philosophe que la femme qu'elle fut.
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Maria Zambrano est l'une des figures les plus importantes de la philosophie espagnole du
vingtième siècle. Disciple d'Ortega y Gasset lors de ses études de philosophie à Madrid, elle connaît
l'exil de 1939 à 1982, (Amérique du Sud - en particulier à Cuba -, Europe). Un premier volume de
ses oeuvres complètes a paru en Espagne en 1971, elle a reçu le « Prix Cervantès » pour
l'ensemble de son oeuvre en 1988.
Après les Rêves et le temps, Poésie et philosophie et Apophtegmes, nous poursuivons la
publication de son oeuvre par son livre somme : l'Homme et le divin dans lequel la philosophe
retrace, depuis la naissance des dieux jusqu'aux temps nietzschéens de la mort du dieu unique, la
relation de l'homme au divin Sa réflexion est objective - c'est-à-dire sans croyance ou athéisme
personnel - et portée par un style d'une étourdissante précision, mais toujours poétique.
« C'est que les rapports premiers, originaires, de l'homme et du divin ne sont pas du
domaine de la raison mais du délire. Et la raison canalisera le délire en amour » : c'est ainsi que
commence la longue relation entre l'homme le divin.