« Stardust est le premier roman que j'aie composé dans l'intention de le faire publier. Écrit il y a plus de vingt ans, il relate un moment marquant de ma vie, cette période au cours de laquelle je fus accueillie dans un centre de réinsertion et d'hébergement d'urgence du 19ème arrondissement de Paris. J'étais alors une jeune mère de 23 ans, sans domicile ni titre de séjour. Mon souhait était surtout de me pencher sur ma vie à l'intérieur de ce foyer, de me libérer des histoires, des visages qui, plusieurs années après, continuaient de me hanter.
De Stardust, il est impossible de parler comme de mes autres romans. Il s'en distingue par son caractère autobiographique mais aussi par son style.
Ce que l'on trouvera dans ce livre, au-delà des événements qu'il relate, ce sont les raisons pour lesquelles je vécus si longtemps en France où j'étais venue contre mon gré.
C'est en fréquentant la rudesse de ses marges que j'ai le plus intimement connu la France, sans qu'il lui soit possible d'en faire autant. À sa manière, Stardust évoque aussi l'impossible appartenance au groupe, le recours impératif à la création littéraire, artistique, pour tenter d'entrer en relation. ».
L.M.
Dans un peu plus d'un siècle, nous voici à Katiopa : un continent africain presque entièrement unifié, devenu prospère, où les Sinistrés, des Fulasi de la vieille Europe, sont venus trouver refuge. Descendants d'immigrés français qui ont quitté leur pays au cours du XXIe siècle parce qu'ils s'estimaient envahis par les migrants, ils vivent désormais appauvris et recroquevillés sur leur identité.
Le chef de l'État veut expulser ces populations inassimilables, mais la femme dont il tombe amoureux est partisane de leur tendre la main. La Rouge impératrice, ayant ravi le coeur du héros de la libération du Continent, ne risque- t-elle pas de désarmer sa volonté ?
Ample fresque historique embrassant mythologie et monde contemporain, Fille d'Amanitore dépeint l'articulation de la beauté et la brutalité propre au monde des humains, au travers de récits de vie de femmes d'aujourd'hui, filles et mères, en des mondes où se mêlent demeure ancestrale des divinités, terre des humains et le no man's land d'Amanitore, la candace à la mémoire oubliée. Léonora Miano invite à repenser le fondement divin du désir, réinterroge la puissance de la filiation féminine, et le poids des non-dits dans la transmission mère-fille. Et que mon règne arrive est une exhortation à la reconquête de leurs mémoires et leur par des femmes subsahariennes, pour les affranchir du discours bien-pensant de la « sororité planétaire », autre leurre du féminisme européocentré. Dans cette proposition pour affranchir la femme subsaharienne de toute forme de domination, coloniale et masculine, Léonora Miano l'inviter à habiter ses spiritualités, et orchestre le règne du féminin dans le monde par la voie africaine.
Quelque part en Afrique subsaharienne, il y a Dio et quatre femmes qui s'adressent à lui : sa mère, la femme qu'il a trop aimée, celle qui partage son existence et sa soeur. Et lui, il n'entend pas. Qu'importe ! Chacune se raconte pour tenter de comprendre. Les blessures, les inégalités, les défaillances. Les éblouissements, les orages, les émois. Une lignée compliquée, une ascendance difficile. Leurs vies. Peu à peu, elles lui disent tout pour essayer de désapprendre la colère et les chagrins, apprivoiser le passé, sauver l'avenir et se donner de nouvelles chances.
Il y a un jeune footballeur camerounais prometteur mais isolé à son arrivée en France. Il y a Adrien, un garçon de neuf ans qui perçoit la solitude et la relégation sociale de sa mère. Il y a des jeunes filles pleines de rêves qui habitent la césure et qu'on éloigne.Ce recueil de nouvelles fait vivre ces personnes marginalisées et invisibilisées en France aujourd'hui. Levant le voile sur leur parcours entre deux cultures, Léonora Miano les tire de l'oubli.TOUT POUR COMPRENDRE- Notes lexicales- Biographie de l'auteure- Genre de l'oeuvre- Pour mieux interpréterTOUT POUR RÉUSSIR- Questions sur l'oeuvre- Explications de texte guidées- Sujets de commentaire, de réflexion et d'invention- Le fonctionnement du prix GoncourtGROUPEMENTS DE TEXTES- À quoi sert la littérature aujourd'hui ?- La notion d'engagement- «Pour une littérature-monde en français»ENTRETIEN AVEC L'AUTEURE.
Un essai brûlant d'actualité et percutant qui plaide pour la réinvention d'une identité « afropéenne » afin de sortir de l'impasse de la question raciale.
« Afropea est un agent de liaison au sens positif du mot. C'est ce qu'elle peut représenter de plus noble. N'en faire qu'une expression supplémentaire de la douleur afrodescendante la dévaluerait. Ne la percevoir que comme une identité noire vécue sur le sol européen apporterait de l'eau au moulin des nationalistes culturels. Il n'y aura pas de retour vers une Afrique qui, non seulement n'attend personne, mais pour laquelle la couleur de la peau est un marqueur d'appartenance insuffisant. C'est à partir de soi et de son lieu que chacun est invité à oeuvrer pour transformer le monde. ».
Ceux qui se sont donné le beau nom d'Afropéens, par lequel l'Afrique et l'Europe fusionnent, s'ils sont fidèles à cette association, peuvent incarner un projet de société fraternel, anti-impérialiste et antiraciste. C'est cette utopie qu'explore Léonora Miano dans cet essai vif et dense, qui prend une couleur personnelle lorsqu'on comprend qu'elle l'a aussi écrit pour sa fille.
Au coeur de la brousse subsaharienne, un grand incendie a ravagé les cases du clan Mulongo. Depuis lors, douze hommes manquent à l'appel - les fils aînés pour la plupart. Pendant que les mères cherchent en songe les réponses à leur chagrin, le Conseil interroge les ancêtres, scrute les mystères de l'ombre : que signifie cette disparition ? Pour le salut de la communauté, le chef Mukano et quelques autres décident de partir à leur recherche en territoire bwele, leurs voisins. Peu d'entre eux atteindront l'océan - par où les « hommes aux pieds de poules » emportent leurs enfants.
Après des années passées à l'étranger, Amok revient au pays afin d'élever son fils dans un environnement préservé du racisme. Ce retour ravive d'amers souvenirs, des conflits familiaux, l'inconfort d'une appartenance sociale mal assumée.
En proie à un accès de violence, il bat sa compagne. Horrifié par son geste, il prend la fuite pour affronter son père dont il pense avoir hérité « le fauve caché dans l'âme des hommes de sa lignée ». Dans sa course, il est victime d'un accident de voiture qui le laisse semi-conscient : c'est par l'esprit qu'il traverse ses gouffres intérieurs, revisite son histoire intime et ses blessures secrètes.
Il s'agira pour lui de s'accepter pour être en mesure de transformer son lourd héritage...
« Rassembler des citations ne permet pas de saisir ce que disent les femmes. Evidemment. Ce que j'ai voulu faire ici, c'est en écouter quelques-unes, sur des sujets qui m'intéressent. Ça, c'était au début.
Ensuite, mes vieilles manies ont eu raison de moi... Rattrapée par ma passion pour la structuration des textes, rêvant toujours de composition musicale, j'ai eu l'idée de monter une pièce vocale. Ces citations s'organiseraient alors en une sorte de conversation empruntant au jazz avec ses harmonies et ses dissonances, aux negro spirituals avec leur call and response, à l'emphase d'antiques prêtresses telle que je l'imagine, à diverses modalités du chant.
Des femmes d'horizons différents, réunies en un lieu sans l'avoir décidé, parlent, se parlent. Parfois de manière frontale, parfois en se tournant le dos ou en se prenant par la main. A cet ensemble, chacune apporte sa vision, son souffle, le temps et l'espace de son énonciation.
Celles dont les mots composent cette mélopée singulière sont spirituelles, politiques, cérébrales, sensuelles, visionnaires, enragées, mystiques, torturées, espiègles... Elles sont tout. Leur métier n'est pas forcément d'écrire des livres. Il arrive qu'elles n'existent qu'à travers la fiction, mais on l'ignore, ce n'est pas l'important. Elles disent, c'est ce qui compte, d'une manière ou d'une autre. Ce n'est donc pas le testament des femmes qui vous est proposé, mais une déambulation dans leurs paroles. Ce fut un grand plaisir d'en dessiner le parcours. ».
Léonora Miano
Léonora Miano propose dans ce recueil des écrits d'une grande musicalité à la composition graphique libre, parfois proche du calligramme. Il comprend : « La question blanche », « Le fond des choses » et « La fin des fins ».
Rythmée de beats musicaux, sa langue fait s'élever une injonction vibrante à la paix. Elle aborde les questions d'assignation sociale et raciale, la façon dont la couleur de peau constitue un problème dans le regard de celui qui dit l'autre noir, de même que l'immigration, autrefois économique sur le sol français, est aujourd'hui perçue comme une menace et alimente les discours identitaires et fascistes.
Ces trois textes sont à lire comme les partitions
Pays d'Afrique équatoriale, le Mboasu se relève péniblement d'une sanglante guerre civile. Dans les quartiers mal famés de Sombé, la capitale, quadrillés par des bandes de rebelles reconvertis en trafiquants, prévalent désormais le chacun pour soi et la superstition. C'est ainsi que Musango, à peine âgée de neuf ans, est rejetée et abandonnée par sa mère qui l'accuse de porter malheur. Seule, sans famille ni ressources, la petite fille est d'abord recueillie, puis vendue comme esclave. Malgré les épreuves et les périls, elle s'accroche pourtant, lucide et tenace, à un unique espoir : retrouver sa mère et solder le passé pour, enfin, songer à envisager l'avenir.
Au déterminisme occidental qui a élaboré une ontologie féminine essentiellement victimaire, résumant la condition des femmes à un assujettissement par les hommes, Léonora Miano répond en proposant « l'autre langue des femmes », qui expose les accomplissements des femmes du continent africain. L'Afrique seule a enfanté des dynasties de « grandes royales », qui contredisent le postulat occidental selon lequel le récit traditionnel évacue la mémoire des femmes.
S'appuyant sur l'histoire, les mythes, spiritualités et pratiques sociales des Subsahariennes, l'auteur montre que l'Afrique au sud du Sahara est dépositaire d'un riche matrimoine permettant de comprendre et de célébrer la force du féminin. Il n'est pas question ici de diviniser les personnalités présentées, mais de révéler la variété des profils que l'Afrique offre au monde. Sur ce continent, les femmes s'illustrèrent dans tous les domaines. La conception subsaharienne du genre ne les éloigna pas des champs de bataille : les guerrières subsahariennes ne sont pas du « deuxième sexe » !
Les Subsahariennes régnèrent sur des sociétés patriarcales, donnèrent une terre à leur peuple en exil, firent du plaisir sexuel un droit, ne révérèrent pas la virginité. Elles s'engagèrent dans les luttes anticoloniales qu'elles financèrent souvent grâce à leur fortune personnelle. Ces femmes, dont les parcours restent méconnus, créèrent des sociétés non-mixtes dont certaines furent très influentes. Parce qu'elles surent inventer leurs propres espaces sans tenter de prendre d'assaut les fiefs masculins, elles se donnèrent du pouvoir. Aujourd'hui encore, dans des environnements déstructurés par le colonialisme qui leur fit perdre leurs anciennes prérogatives, les Subsahariennes se caractérisent par leur dynamisme et leur autorité. Sans avoir eu besoin d'élaborer de théorie, elles parlèrent cette autre langue qu'il leur faut redécouvrir et transmettre. L'autre langue des femmes, c'est la parole particulière qui émerge lorsque l'on se définir en soi et pour soi, et non « en creux » à partir de l'action négative de l'autre sur soi.
En dépit de la richesse et de la diversité de leur contribution à l'Histoire mondiale des femmes, l'expérience des Africaines subsahariennes reste marginalisée. On ne s'identifie pas à elles, mais on prétend leur dicter la marche à suivre pour s'émanciper. À travers une critique de l'hégémonie des Occidentales, l'ouvrage réfléchit aux relations entre femmes. La « sororité » dont on espère l'avènement à l'échelle du monde est pour l'heure compromise : l'histoire a doté les unes d'un pouvoir symbolique, politique et économique dont les autres ne jouissent pas. Tandis que l'on se plaint de la domination masculine, on omet d'évoquer cette dissymétrie qui fait de certaines des oppresseurs, volontaires ou non. Cette situation justifie que les Subsahariennes se déterminent en toute autonomie, élaborent un discours tenant compte de leurs parcours, de leurs réalités, de leurs aspirations.
Au Mboasu, petit état d'Afrique équatoriale, vieux dictateur et enfants soldats se disputent le pouvoir en déchirant le pays. Pendant ce temps, comme le fait Ayané dans un orphelinat de guerre, les femmes s'échinent à recoller les morceaux. Portées par le verbe des morts et des disparus, elles renforcent le lien entre l'Afrique d'hier et celle d'aujourd'hui. C'est par elles que ce continent construira son avenir.
Pourquoi Gaston Monnerville n'est-il pas devenu président de la République française ? Pourquoi cet homme politique, président du Sénat de 1959 à 1968, est-il si mal connu dans son propre pays ?
Et pourquoi, pour les femmes noires dans la France d'aujourd'hui, tout va très bien, tout sauf les relations avec la gent masculine au travail, tout sauf les tensions sourdes avec les collègues femmes, et pourquoi ça ne marche pas et pourquoi ça ne va pas s'améliorer ?
Léonora Miano consacre son premier texte pour le théâtre à la présence noire dans la France d'aujourd'hui. En partant d'une série d'histoires personnelles, In-tranquilles - la première partie du recueil - nous plonge dans l'intimité de ces personnages afropéens. D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Ces voix, parfois ces cris, on les retrouve dans Femme in a city - la seconde partie - où elle rapporte les tribulations de femmes noires et françaises en quête de justice, d'égalité et d'amour.
Pour Léonora Miano, on écrit " en raison d'une certaine tournure d'esprit et parce qu'on y est poussé ". C'est la nécessité de faire entendre des cris étouffés, de rendre audibles des paroles proscrites, qui la pousse aujourd'hui à nous livrer ces Écrits pour la parole. Léonora Miano nous tend un miroir qui avait perdu son tain et qui, par elle, le retrouve. Elle est l'auteur de six romans édités chez Plon, récompensés par de nombreux prix.
Douze femmes, auteures du monde noir, évoquent le plaisir féminin. Comment s'écrivent aujourd'hui le corps, la sensualité, la sexualité ?
Volcaniques : une anthologie du plaisir est un ensemble riche. Les nouvelles dévoilent des figures féminines et des environnements variés. Les âges de la femme y sont également divers, ce qui est heureux. Certains textes ébranleront par leur puissance poétique et / ou érotique.
D'autres séduiront par le ton, le phrasé, l'humour ou par une capacité analytique qui a su ne pas prendre l'ascendant sur la narration. Bien des femmes se reconnaîtront dans ces pages, d'où qu'elles soient. Quant aux hommes, ils trouveront peut-être la clé du grand mystère que semble être, pour certains, le plaisir féminin.
Léonora Miano
Amok, Shrapnel et Amandla sont des immigrés africains. Amandla, elle, vient de la Caraïbe. Tous trois ont vu le jour sur des terres lointaines. Ils n'ont pas la couleur des enfants du Nord. Cette différence est leur héritage commun, mais chacun l'habite à sa manière... Amok refuse que sa couleur conditionne son identité. Shrapnel, au contraire, revendique une filiation globale et aspire à l'unité, de l'Afrique aux Amériques. Quant à Amandla, elle croit trouver les réponses aux tourments du présent dans une ancienne mythologie. Chacune de ces voies peut déboucher sur une impasse. Ces astres éteints devront s'ouvrir et abandonner le ressentiment pour briller à nouveau...
Sans l'amour d'une mère, on grandit incomplet, bancal, le coeur plein de failles.
À l'image d'Antoine, dandy dédaigneux qui promène sa morgue et sa vanité dans les soirées mondaines et s'aveugle de lumières artificielles pour se détourner de la douleur qui le hante.
Mais bientôt, Maxime, son frère tant jalousé, ramènera Thamar au pays, au Mboasu. Dépossédé de l'objet de sa haine, de cette mère qui l'a abandonné, Antoine se retrouve seul face à son âme chagrine. Il va alors devoir découvrir le chemin de sa rédemption pour apprendre à - s' - aimer...
Après sa trilogie sur l'Afrique, violente, hantée par tant de fantômes, la romancière d'origine camerounaise, qui vit à Paris, s'intéresse à la communauté afropéenne. Avec le même talent pour mêler fable et réalisme.
Le Figaro Madame
Cette trilogie de Léonora Miano regroupe trois pièces, Révélation, Sacrifices et Tombeau qui se conçoivent comme une tragédie en trois volets, où il est question d'un sujet peu - voire jamais - abordé sur nos scènes françaises, celui de la traite esclavagiste. La langue puissante et musicale de l'auteure s'y déploie dans toute sa force et sa virtuosité.
De nos jours. Dans un pays imaginaire d'Afrique noire...
Après plusieurs années d'études en Europe, la « fille de l'étrangère », Ayané, retourne à Eku, son village natal, au chevet de sa mère.
La colère gronde dans cette région entourée de collines au milieu de la brousse, qui évolue hors du temps, selon des traditions ancestrales : de prétendus patriotes du Nord, furieux et sanguinaires, réussissent à pénétrer au coeur d'Eku et le mettent en quarantaine. Sous couvert d'une idéologie prônant le retour à une Afrique flamboyante et mythologique, les miliciens préparent une longue et horrifiante cérémonie : pour Ayané, la nuit sera longue...
Marianne et le garçon noir veut apporter une parole de l'intérieur sur l'expérience des noirs de sexe masculin dans la France de notre temps, en particulier sur le sol hexagonal. Plus largement, c'est sur la présence noire que se penche l'ouvrage, afin d'en explorer les particularités dans l'espace français. Les contributions sont de divers ordres, mais elles prennent appui, pour l'essentiel, sur le vécu des auteurs.
Le projet est né à la suite de violences policières impliquant des jeunes hommes noirs. A partir du regard posé sur le corps, des fantasmes suscités par lui ou d'autres éléments, l'objectif est de rendre audible une parole sensible et politique, parfois inattendue, tant les représentations transmises depuis des générations sont réductrices. L'influence de Marianne se déployant au-delà de ses frontières déjà complexes - la France étant un grand archipel - il m'a semblé pertinent d'associer à cette prise de parole une voix subsaharienne.
En effet, le garçon noir qui cherche à arracher sa souveraineté aux rets de l'entreprise criminelle connue sous le nom de Françafrique est, lui aussi, concerné. De plus, dans l'environnement mondialisé où les réseaux sociaux abolissent frontières et distances, le sort des Noirs en France ne laisse pas indifférent en Afrique subsaharienne.
Dans ce nouveau recueil de conférences et réflexions inédites, Léonora Miano confronte écriture et connaissance de soi, langue et mémoire. Interrogeant la prégnance du colonialisme dans les lettres françaises et les esprits, elle démontre en quoi la langue est porteuse de conceptions racialisées, qui se transmettent et forgent les imaginaires. Car les imaginaires, politiques et artistiques, collectifs et individuels, restent largement encore à décoloniser.
Elle invite les auteurs subsahariens, les historiens à prendre en charge une nouvelle manière de se raconter afin de replacer l'Afrique au coeur de leurs propres narrations. « De quels récits enrichir la bibliothèque mondiale pour replacer nos peuples dans la conscience humaine globale ? » « Détaché de la francophonie héritière du colonialisme au profit d'une « afrophonie » plurielle, et vierge des dominations coloniales, l'impératif transgressif est une proclamation de liberté vis-à-vis de l'assignation à résidence des écrivains subsahariens. En remettant en question le pacte entre la langue et la nation françaises, l'auteure propose une réflexion étayée, chemin faisant, par maints exemples littéraires. Un livre riche en enjeux aussi bien politiques que poétiques. » (Zoé Courtois, Le Monde des livres, 16 juin 2016)
L'un est âgé de neuf ans. C'est encore un enfant. Pourtant, il comprend : la misère, la solitude et la relégation sociale de sa mère, diplômée en lettres mais condamnée à n'être qu'une voix répondant au téléphone. L'autre est un jeune footballeur prometteur. Il a quitté sa ville natale - Douala - et les siens pour réussir en France. De l'Hexagone, il ne connaît pas les vertes pelouses, seulement la rue et l'exclusion. Et puis, derrière la porte noire du 166, rue de C., il y a Amélie, Sophie, Maya et les autres. On ignore leur présence. Elles vivent à Paris, dans un centre d'hébergement d'urgence. Par touches successives, ces récits dessinent les visages de celles et ceux que l'on croise sans les voir. Levant le voile sur leurs parcours, ils les sauvent de l'oubli.Le volume réunit cinq nouvelles inédites de Léonora Miano, lauréate du Goncourt des Lycéens 2006. Le dossier de l'édition contient un entretien exclusif avec l'auteure.
Parlons du corps et de l'intimité avec Alfred Alexandre, Edem Awumey, Julien Delmaire, Frankito, Julien Mabiala Bissila, Jean-Marc Rosier, Insa Sané, Felwine Sarr, Sunjata et Georges Yémy. L'initiative est signée Léonora Miano, romancière. Elle demande à
" La littérature parle avant tout d'humanité. C'est donc le monde que j'écris, à partir de mes lieux de référence, à partir de mes personnages subsahariens ou afrodescendants ".
Après la publication de ses textes littéraires, Léonora Miano nous donne aujourd'hui Habiter la frontière, un recueil de conférences données aux États-Unis et en France entre 2009 et 2011. L'auteur revient sur son appartenance à une génération de Subsahariens suffisamment bien dans leur peau pour explorer les zones les plus ténébreuses de leur expérience. Elle témoigne d'un amour exigeant envers l'Afrique subsaharienne et ses peuples, et appelle à la compréhension de soi-même, à l'acceptation de la responsabilité individuelle et collective comme premier levier pour se hisser vers une liberté pleine, entière. Elle exhorte l'Europe à sortir de la culpabilité pour se confronter objectivement à son passé et revient sur les thèmes qui traversent son oeuvre, notamment les questions liées aux identités frontalières et à l'hybridité culturelle.
La frontière dit que les peuples se sont rencontrés, quelquefois dans la violence, la haine, le mépris, et qu'en dépit de cela, ils ont enfanté du sens. Cet ouvrage intime trace des perspectives sur la démarche esthétique de son auteur, tout en s'imposant comme un manifeste politique.
Lauréate en 2006 du prix Goncourt des lycéens pour son roman Contours du jour qui vient, Léonora Miano a reçu en 2011 le Grand Prix littéraire de l'Afrique noire pour l'ensemble de son oeuvre (six romans, trois recueils de textes courts et plusieurs nouvelles). En 2012, elle publie à L'Arche son premier texte pour le théâtre : Ecrits pour la parole (Prix Seligmann 2012, contre le racisme).