John Cage rencontre Marcel Duchamp en 1941. Trente après, il confie dans le présent entretien les souvenirs qu'il conserve de cet homme. Et c'est un véritable hommage d'un artiste à un autre artiste et un témoignage drôle et émouvant sur celui qui «prenait le fait de s'amuser très au sérieux». Les oeuvres de ces deux artistes s'offrent l'une l'autre dans un miroir inversé : Cage explique avec une grande clarté avoir voulu développer la dimension physique de l'écoute quand Duchamp voulait réduire cette dimension dans la peinture. Cage rapporte aussi des anecdotes, et notamment la rare fois où Duchamp a perdu son sang-froid, lui d'ordinaire si magnanime : une mémorable partie d'échecs, que Cage aurait dû gagner mais qu'il a perdue, ce qui a mis Duchamp dans une colère noire...
Dans cette conférence donnée à New York en 1948, John Cage jette un regard lucide sur les débuts de sa carrière ponctués d'anecdotes édifiantes. C'est avec la plus totale sincérité que John Cage décrit ici le cheminement qui l'a conduit à devenir compositeur. Il a d'abord commencé par des études d'architecture. À ce sujet, il raconte, non sans humour, un voyage en France, pays qui lui sembla totalement recouvert d'architecture gothique ! Mais très vite, il se tourne vers la peinture et la composition. Il détaille ses influences, ses préoccupations et ses envies. L'éventail de ses références est à cet égard vertigineux : les mouvements de la danse moderne, le jazz, les futuristes italiens ou encore les rites des Indiens Navajo. Sans crier gare, il livre là, de manière extrêmement limpide, une théorie de la musique avant tout tirée de son expérience. On y apprend notamment que sa musique était diffusée à la radio durant la guerre pour démontrer que l'Amérique aimait l'Orient... John Cage se révèle ici, outre un "maître du hasard" à la manière de Duchamp, un immense pédagogue.
Nul doute pour John Cage, il serait un artiste. Mais, de là à choisir une seule et unique forme d'expression artistique, il y a toute une vie : architecture, peinture, composition de musique, théâtre, art du cirque, Cage touche à tout, laisse de côté, puis revient, et décide finalement que c'est la musique qui l'anime. Cette musique, cependant, il l'expérimente : Cage repousse les règles académiques et base ses oeuvres sur le silence et le hasard. Par ces fragments de 1989, d'une écriture fluide et ramassée, le compositeur dresse un tableau à la fois succinct et complet des moments forts et charnières de sa vie pourtant extrêmement riche, tout en va-et-vient, recherches et changements d'avis. Le tout, sans jamais se défaire de son humour et de son esprit de dérision inimitables.
Où que nous soyons, ce que nous entendons est essentiellement du bruit. Lorsque nous n'y prêtons pas attention, cela nous dérange. Lorsque nous l'écoutons, nous le trouvons fascinant. Le son d'un camion à 50 miles à l'heure. Les parasites entre les stations de radio. La pluie. Nous voulons capturer et contrôler ces sons, les utiliser non comme des effets sonores, mais comme des instruments de musique.
Avant Noël, je suis allé voir ma mère qui vit dans une maison de santé (elle a eu une attaque cardiaque il y a deux ans qui l'a rendue impotente.) Je lui ai dit que j'avais écrit trois textes pour rendre le monde meilleur. Elle a dit : " John ! Comment oses-tu ? Tu devrais avoir honte ! " Puis elle a ajouté : " Tu me surprends. " Je lui ai demandé si, connaissant l'état dans lequel était le monde, elle ne croyait pas qu'il y avait lieu de le rendre meilleur. Elle a dit : " Oui, certainement. Ça tombe sous le sens ".
Ces deux-là ont beaucoup ri au micro, dans l'intimité d'un studio d'enregistrement de la radio WBAI à New York entre juillet 1966 et janvier 1967. La forme alerte du dialogue permet de mesurer l'humour de ces deux grands compositeurs. Dans ce dialogue à bâtons rompus, dans cet échange d'égal à égal, il est question de musique bien sûr, mais aussi de littérature, de peinture, de politique et du quotidien. Les deux compositeurs parlent aussi de leurs ratages et relatent de multiples anecdotes. Vous apprendrez ainsi comment faire fi du son de la radio de votre voisin sur la plage et aussi que la meilleure oeuvre qui soit est issue d'une tête sans aucune idée à l'intérieur. Car, outre les éclats de rire, ces entretiens sont aussi ponctués de silences. Silences qui donnent du souffle.
Ces 39 lettres d'amour, écrites par John Cage et adressées à Merce Cunningham entre 1942 et 1946, dont certaines reproduites en fac-similé, dévoilent les coulisses de leur rencontre et de leur relation. Le livre montre également des photos de leur dernier loft dans la 18th Street de New York et d'objets de leur vie de couple.
Cet ouvrage présente dans une mise-en-page qui s'en rapproche le journal intime du musicien John Cage, qui associait couleurs et effets de mise-en-page pour rassembler dans ce carnet ses pensées et idées sur la musique.
Cet ouvrage en deux volumes est imaginé comme une longue promenade à la recherche de champignons aux côtés de John Cage, grand spécialiste de mycologie, un aspect de sa carrière que l'on connaît peu. Cet ouvrage rassemble les compositions, photographies, illustrations et éphémeras sur le thème des champignons.Le premier volume rassemble des textes de Cage relatifs à la mycologie autour d'un essai critique central sur le sujet, et retranscrit sa performance de 83, Mushrooms et Variationes. Le deuxième volume est la reproduction du portfolio de Cage de 1972, Mushroom Book, écrit en collaboration avec l'illustratrice Lois Long et le botaniste Alexander H. Smith.
La transcription par Alfredo Jaar du premier écrit de John Cage, rédigé pour un discours prononcé lors du concours oratoire de Californie du Sud au Hollywood Bowl en 1927. Alors âgé de 15 ans, il avait permis à son école, la Los Angeles High School, de remporter la compétition. Cette édition à été produite en hommage au compositeur américain, à l'occasion du centenaire de sa naissance en 2012.
Voir aussi Jean-Luc Godard & Jean-Pierre Gorin : Lettre à Jane ; Pier Paolo Pasolini : The Ashes of Gramsci (édités par Alfredo Jaar).
Le compositeur américain John Cage (1912-1992) est une figure centrale de l'avant-garde musicale du XXe siècle. Ses travaux ont fortement marqué le champ de la musique expérimentale et, plus largement, celui de l'art contemporain.
Voir aussi John Cage & Thomas Wulffen ; David Antin : John Cage sans cage ; David Grubbs : Les disques gâchent le paysage - John Cage, les années 1960 et l'enregistrement sonore ; Brandon LaBelle : Lecture on Nothing ; Tacet n° 1 - Qui est John Cage ?...
Une année dès lundi permet de redécouvrir John Cage (1912-1992), artiste américain aux idées foisonnantes, à la fois compositeur, écrivain et peintre.
Connu en France pour ses compositions qui ont révolutionné la notion d'oeuvre musicale, il apparaît à travers ce recueil comme un écrivain et un penseur de premier plan.
L'ouvrage qui se présente sous la forme d'un album est un ensemble composite qui réunit des réflexions sur la musique et sur l'art. Dans ce questionnement sur l'engagement et le rôle de l'artiste à travers des textes d'une inventivité impressionnante, John Cage joue sans cesse avec l'espace, le graphisme et la typographie.
Moment charnière dans l'oeuvre de John Cage, pour qui il n'existe pas de barrière entre création musicale et poétique, Une année dès lundi constitue une réflexion capitale de l'artiste sur le principe qui lui tenait tellement à coeur, celui de l'indétermination, appliqué ici aux mots et à l'écriture.