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Bertrand Belin
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Depuis la périphérie maritime d'un appartement familial empoisonné par la toute-puissance d'un chef de famille, en compagnie de La Figure, autant guide fictif, acolyte picaresque (« Un jour mon Sancho Panza, un autre ma tempête intérieure ») que double indispensable, le narrateur témoigne du difficile combat d'une émancipation personnelle. Comment il faudra en finir avec l'appétit de vengeance qui sait si bien le tenir droit. Dans la matière de sa mémoire, et ses refuges imaginaires, il installe son chantier de fouille. Le texte, comme un tunnelier piloté par un clown ou un toréro, s'enfonce dans le passé avec obstination, pour ressurgir ici et là. Drôle, tragique, poème de gravas, de haine, de fracas, poème d'amour et de doutes, et surtout, avant tout, chant pour la mère.
Bertrand Belin livre un formidable récit pudique et joueur, qui détourne l'aveu autobiographique dans un langage fracassant. Avec cette confidence ultime et poignante : « Mais peut-être que je fanfaronne. De toute évidence, je ne crois pas à la possibilité de mon récurage. » -
«Voyons l'endroit. Le contre-réservoir de Grosbois créé en 1830 pour alimenter en eau le canal de Bourgogne offre tout ce qu'on peut attendre d'un lac. Cette année le soleil est très présent sur l'ensemble du pays et appuie encore de tout son poids sur le dos des baigneurs».
C'est depuis le milieu d'un lac artificiel près de Dijon, durant le temps que prendra sa noyade et avec le souffle que lui laisse la dure entreprise de se maintenir en vie, que le narrateur élève, au prix d'efforts de plus en plus pénibles à produire, son chant d'adieu. Une oraison fragmentée, épique, drôle, qui le présente comme l'unique occupant d'un édifice s'affaissant jour après jour.
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Aujourd'hui, lendemain de l'arrivée d'un cirque en ville, lendemain de l'exposition au Grand Hôtel, lendemain d'un jour qui n'était encore la veille de rien de particulier, d'aucun événement remarquable, aujourd'hui donc, aux aurores, sur le site de l'ancien port de marchandises, le moral n'est pas au beau fixe. Il y a de l'agitation... Un groupe de fauves s'est échappé durant la nuit. L'inquiétude se propage avec la rumeur. Qui a peur, à présent, d'être dévoré? Et par qui?
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« Vrac est le livre par lequel m'est donné la possibilité de mettre enfin en langue des expériences sensibles appartenant à mon enfance et mon adolescence. Passé marqué par la confiance déposée dans la conquête nécessaire de la maîtrise du langage, perçue comme attribut d'un autre camp, maîtrise constituant la seule voie capable de conduire à l'amélioration de ce que je ne percevais pas alors très clairement comme ma condition » (Bertrand Belin).
Vrac est un archipel de fragments, poèmes, anecdotes, affirmations, adages, définitions, pensées pour tenter de dire son enfance, ses origines. Naïveté, brutalité, drôlerie, raccourcis, emphase, bêtise, tout concourt à l'édification d'un témoignage morcelé, celui de la vie de bertrang, de la famille des belin, enfant, adolescent, avatar se rêvant en « grand professeur ». Mais les normes de la langue sont malmenées, en dépit d'une ostentatoire allégeance à la beauté des formes écrites. Ce bertrang, explique l'auteur, « s'exprime par ma voix, et moi par la sienne, nous exposant aux autres, en réponse à un désir puissant de clarté enjambant les décennies. » Les dégradations que subit la langue dans Vrac (grammaticales, syntaxiques, maladresses, boursouflures, lyrisme fané, néologismes) sont au service d'une confrontation directe avec la jeunesse et l'enfance de l'auteur, marquées par la rudesse des rapports sociaux, familiaux, par le spectacle de l'étrange vie des autres (familles, camarades, télévision). Vrac singe les formes existantes de littérature du fragment sans aucune ironie, de bonne foi, par admiration et dévotion, use des ressources bouleversantes de la naïveté, au service d'un témoignage, d'un aveu, d'une parole impossible à garder.
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Trois marins pêcheurs, du côté de Quiberon, à un moment de l'Histoire qui pourrait être la Deuxième Guerre Mondiale, et l'Occupation - mais ça n'est pas si sûr...Le patron qui n'est jamais autrement appelé que « l'autre », un premier employé, le plus ancien, nommé « le troisième homme » et un jeune, « le plus jeune ». Leurs gestes quotidiens, la pêche, leurs relations tendues à cause de la personnalité violente de « l'autre », les vexations par exemple. La dernière journée : on croit que l'important c'est ce cormoran qui s'est pris dans les filets, mais non, beaucoup plus important, « l'autre » a tué un soldat de l'armée d'occupation le matin au moment d'embarquer. Le soir il est arrêté et sera exécuté.
C'est tout et c'est énorme tant Bertrand Belin sait densifier la moindre phrase, le moindre mot dans cette phrase, les charger d'informations cachées, les rendre menaçants. Ce court texte est d'une rare intensité nourrie de rythmes subtils, de répétitions pas tout à fait exactes, de déplacements et d'un vocabulaire extrêmement riche.
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Till, sept ans, se retrouve seul dans la forêt, la nuit. Cette mésaventure - un voyage initiatique - nous est contée par Bertrand Belin et illustrée par les photographies de Valérie Archeno.
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SOS ; save our souls
Vincent Giovannoni, Caroline Pottier, Bertrand Belin
- Creaphis
- Foto Creaphis
- 28 Octobre 2013
- 9782354280819
S.O.S. : Save Our Souls !
Ce code international de détresse est utilisé ici comme titre pour qualifier cette série de photographies sur le groupe professionnel des marins-pêcheurs, petits patrons, artisans ou employés, de la côte atlantique nord au large des Sables d'Olonne. Ses photos montrent, dans une démarche esthétique et ethnographique, les gestes et les savoir-faire d'un métier aujourd'hui menacé. Le parti pris n'est pas celui d'un reportage classique mais d'une enquête de longue durée - plus de trois ans. De fait, Caroline Pottier a pu embarquer avec les pêcheurs et partager leur quotidien. En plus du travail en mer, elle s'est intéressée à leur univers domestique et a réalisé des portraits chez eux. Elle a également photographié l'environnement portuaire.
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Fantaisie littéraire ; une lecture musicale de textes littéraires
Joseph d' Anvers, Eric Reinhardt, Bertrand Belin, François Vergne, Olivia Rosenthal
- Le Bec En L'Air
- 19 Septembre 2008
- 9782916073392
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Les éphémères imprimés et l'image : histoire et patrimonialisation
Olivier Belin, Florence Ferran, Bertrand Tillier
- Pu De Dijon
- Art, Archeologie Et Patrimoine
- 12 Avril 2023
- 9782364414693
Les éphémères imprimés forment une part importante de notre culture visuelle. Affiches, tracts, cartes postales, prospectus : non seulement tous ces documents produits en masse depuis le XIXe siècle sont abondamment illustrés, mais leur efficacité même est tributaire d'un certain usage - politique, commercial, artistique - de l'image. Comment se déploie l'inventivité technique des éphémères illustrés ? Quelles relations établissent-ils entre textes et images ? Quelles fonctions occupent-ils dans les pratiques sociales d'une époque ? Quelles sont les valeurs, les représentations voire les fétichisations qui s'attachent à ces documents ? Telles sont quelques-unes des questions traitées dans ce volume, qui réunit des conservateurs d'institutions patrimoniales (musées, archives, bibliothèques) et des chercheurs de disciplines différentes (études littéraires, histoire de l'art, histoire culturelle ou politique, graphisme), afin d'aborder les éphémères dans toute la richesse de leur prisme