La pensée philosophique et scientifique a accompli une révolution profonde aux XVI? et XVII? siècles. De Copernic à Galilée, de Descartes à Newton et à Leibniz, Alexandre Koyré retrace les étapes de cette révolution spirituelle. «Un processus en vertu duquel l'homme a perdu sa place dans le monde ou, plus exactement peut-être, a perdu le monde même qui formait le cadre de son existence et l'objet de son savoir, et a dû transformer et remplacer non seulement ses conceptions fondamentales mais jusqu'aux structures mêmes de sa pensée.»
Alexandre Koyré, historien des démarches scientifiques, grand connaisseur des siècles passés, constate que la science, recherche de la vérité, a pu dépasser l'homme : «Aussi surprenant que cela puisse nous paraître, on peut édifier des temples et des palais, et même des cathédrales, creuser des canaux et bâtir des ponts, développer la métallurgie et la céramique, sans posséder de savoir scientifique - ou en n'en possédant que les rudiments.» La science n'est pas nécessaire : n'exagérons pas son rôle historique. On voit quel intérêt celui qui n'est pas un simple technicien rentable trouve en l'histoire de la science : situer son modernisme à travers les révolutions qui ont secoué et secouent le monde scientifique, le situer dans l'unité de la pensée humaine. Ces Études d'histoire de la pensée scientifique sont donc, elles aussi, des Études de la pensée philosophique.
On retrouve ici la curiosité inlassable de l'auteur des Études newtoniennes, qui nous livre une histoire de la pensée philosophique de Zénon à Martin Heidegger, de Spinoza à Condorcet et à Louis de Bonald. L'auteur aborde à la fois les questions sur le vide et l'espace infini au XIV? siècle, celle sur le temps d'après la Logique d'Iéna, dont la doctrine inspirera la phénoménologie de Husserl, de Heidegger et de Sartre, et d'autres sur la langue et la terminologie hégéliennes.
La " cinquième colonne " est un phénomène politico-social tout à fait spécifique, aussi bien dans l'antiquité que dans le monde moderne.
Elle est, essentiellement, un phénomène de contre-révolution préventive. elle est aussi, et tout aussi essentiellement, un phénomène de trahison.
Alexandre koyré.
Exilé à New York pendant la Seconde Guerre mondiale, Alexandre Koyré a publié en 1943 ces réflexions sur la place du mensonge dans les sociétés totalitaires. Le fonctionnement de ces régimes d'un type nouveau repose d'après lui sur la transformation de la vérité. Le jugement moral porté sur le mensonge se trouve remis en cause en période de guerre. Le mensonge devient une arme nécessaire pour vaincre l'ennemi, voire une obligation. Or, c'est bien un climat de guerre que les régimes totalitaires instaurent constamment. Ces régimes fonctionnent comme des sociétés secrètes, pour la survie desquelles le mensonge est indispensable. A la seule différence qu'ils le pratiquent "en plein jour", en plantant une barrière entre la classe gouvernante et la "masse" qu'ils entendent diriger et asservir.
Des deux Essais réunis dans ce volume, l'un, Introduction à la lecture de Platon, présente, dans une première partie, une analyse de la composition subtile et raffinée du dialogue socratique : oeuvre dramatique qui présuppose la présence d'un personnage n'y figurant pas, celle du lecteur-auditeur, auquel est dévolu le rôle de comprendre le sens caché du débat et d'en tirer les conclusions. Conclusions que Socrate, délibérément, évite de formuler, mais qui y sont nécessairement impliquées. Ce que l'auteur démontre en prenant comme exemples le Ménon, le Protagoras et le Théétète. La deuxième partie de l'Introduction offre une étude de La République en soulignant l'actualité paradoxale des problèmes fondamentaux qui y sont discutés par Platon.Faisant suite à l'Introduction, les Entretiens sur Descartes reproduisent les conférences données par l'auteur à l'Université du Caire lors du tricentenaire du Discours de la méthode. Ces Entretiens développent une conception de la philosophie de Descartes comme catharsis spirituelle et intellectuelle qui ouvre à l'homme la voie vers la vérité, et vers Dieu. Descartes échappe ainsi au scepticisme et au désarroi qui ont suivi le bouillonnement confus de la Renaissance. La science cartésienne, toute périmée qu'elle soit, est présentée comme un effort prodigieux pour réaliser l'idéal - ou le rêve - de la mathématisation totale de l'Univers, ressuscité de nos jours par Einstein.
Le problème de l'infini, la pensée de Spinoza, les répercussions théologiques et politiques des nouveaux cadres scientifiques.
L'édition enrichie de ce classique de l'histoire des sciences ouvre des perspectives nouvelles.
Notice :
Grand marginal du système universitaire français, Alexandre Koyré reste l'un des historiens les plus audacieux et les plus formateurs. Tous ceux qui ont suivi ses cours disent avoir assisté à l'avènement d'une histoire des sciences d'un genre entièrement nouveau.
Ce recueil de comptes rendus d'enseignement continue d'offrir la meilleure introduction à l'oeuvre du grand historien. Il reconstitue de manière précise le passage, accompli sans rupture et réversible, de la pensée religieuse à la science, de la science à la pensée religieuse.
À trente ans de distance, Pietro Redondi enrichit l'ouvrage de textes inédits, d'un index et d'une nouvelle préface qui ouvre de perspectives nouvelles, notamment en soulignant la qualité du dialogue entre Koyré et Lévi-Strauss dans les années 1950.
Quelques années après avoir présenté, dans Du monde clos à l'univers infini, les thèmes cosmologiques liés à la révolution astronomique des XVI e et XVII e siècles, Alexandre Koyré entreprend, dans le présent ouvrage, de dépeindre de façon précise et minutieuse cette révolution elle-même, « c'est-à-dire l'histoire de l'évolution et de la transformation des concepts clés à l'aide desquels l'astronomie essaie d'ordonner ou de «sauver» les phénomènes - salvare phenomena - en substituant au chaos des apparences sensibles une réalité intelligible qui la sous-tend et qui l'explique ».
Selon les propres termes de l'auteur, « la révolution astronomique s'accomplit en trois étapes, liées, chacune, à l'oeuvre d'un homme : avec Copernic, qui arrête le soleil et lance la terre dans les cieux, l'héliocentrisme se substitue au géocentrisme. Avec Kepler, la dynamique céleste - hélas, aristotélicienne - remplace la cinématique des cercles et des sphères de Copernic et des Anciens. De ce fait, même la hantise de la circularité se trouve partiellement - dans un monde clos elle ne peut l'être entièrement - surmontée et l'«astronomie elliptique» fait son entrée triomphale dans le monde. Enfin, avec Borelli, dans un monde désormais ouvert et régi par la dynamique, s'achève l'unification de la physique céleste et de la physique terrestre qui se traduit par la déroute du cercle au profit de la droite infinie. » Un ouvrage magistral sur une période clé de l'histoire des sciences.
Si rien n'est plus raffiné que la technique de la propagande moderne, rien n'est plus grossier que le contenu de ses assertions, qui révèlent un mépris absolu et total de la vérité.
Et même de la simple vraisemblance. mépris qui n'est égalé que par celui - qu'il implique - des facultés mentales de ceux à qui elle s'adresse.
Ouvert avec Pierre le Grand, passionné par les guerres napoléoniennes, le débat entre slavophiles et occidentalistes a pris une orientation décisive, au XIX? siècle, dans les années 30 où l'intelligentsia se réclame surtout de Schelling, et dans les années 40 où elle découvre Fourier, Saint-Simon et Hegel ; on s'entendait pourtant sur la singularité de l'âme russe et son rôle messianique en une civilisation mondiale nouvelle. Alexandre Koyré était resté trop russe, trop bouleversé par la Révolution d'Octobre, pour ne pas méditer, dans la première partie de sa carrière, sur les problèmes religieux et philosohiques qui avaient conduit le pays où il était né de la sainte Russie à l'U.R.S.S. Cet ouvrage, devenu introuvable, éclaire sur bien des questions actuelles.
Les mystiques et alchimistes allemands du XVI? siècle marquent un tournant dans l'évolution intellectuelle et un renouveau dont l'importance est souvent négligée. Alexandre Koyré examine quatre figures clefs (en montrant en particulier la place capitale qu'occupe Paracelse) dans ce volume d'une profondeur et d'une clarté admirables.
Après les Études galiléennes (1939), les Études newtoniennes ferment le cycle de recherches consacrées par Alexandre Koyré à la révolution scientifique du XVII? siècle. Dans ces recherches - menées en marge de travaux pour une édition critique des Principia - il s'agissait de situer Newton par rapport à ses prédécesseurs, et de montrer, chez lui, que la réflexion du savant ne se séparait pas des préoccupations philosophiques. Le minutieux des analyses, leur richesse, l'utilisation directe des textes, font de cet ouvrage le complément indispensable des Études galiléennes, de Du Monde clos à l'univers infini, de La Révolution astronomique, du même auteur, pour qui veut connaître la pensée scientifique et philosophique de ce XVII? ; siècle où est né véritablement notre monde.
Qui était-il ce vagabond génial ? un savant profond qui aurait, dans sa lutte conte la physique aristotélicienne et la médecine classique, posé les bases de la médecine expérimentale moderne ?
Un médecin érudit génial, ou un charlatan ignorant, vendeur d'orviétan superstitieux, astrologue magicien, faiseur d'or, etc.
Ou, au contraire, est-il " le médecin ", c'est-à-dire l'homme qui se penchant sur l'humanité souffrante aurait trouvé et formulé une conception nouvelle de la vie, de l'univers, de l'homme et de dieu ?
Alexandre koyré.