Rentrée Janvier 2025 #1
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« Le génie particulier de ce roman est d'avoir su rendre l'invraisemblable plausible. »
Colum McCann
À Dublin, un soir de pluie, deux hommes frappent à la porte d'Eilish Stack. Membres d'une toute nouvelle police secrète - le GNSB -, ils demandent à s'entretenir avec son mari, enseignant et syndicaliste,
mais celui-ci est absent. Larry se rend au commissariat dès le lendemain, puis disparaît dans des circonstances troublantes.
Tandis que le malaise s'installe peu à peu, Eilish voit son quotidien et celui de ses quatre enfants amputés d'une liberté qu'elle tenait pour acquise. Bientôt l'état d'urgence est déclaré, les rumeurs parlent de camps d'internement...
Prisonnière d'une logique cauchemardesque, jusqu'où devra aller Eilish pour protéger les siens ?
Récompensé par le Booker Prize, Le Chant du prophète saisit, dans un souffle d'une puissance implacable, le basculement progressif d'une société vers l'autoritarisme. Paul Lynch nous fait vivre cette expérience à travers un regard - celui d'une femme - qui nous renvoie à notre propre aveuglement.
Presse :
« Un singulier tour de force. » Kirkus Reviews
« Paul Lynch puise dans la littérature pour rompre avec la suffisance des sociétés occidentales qui, insensibilisées par les tragédies qui secouent le monde, sont persuadées d'en être à l'abri. » The Guardian
« Le récit extraordinaire et tragique d'un pays sombrant dans la guerre, qui résonne bien au-delà des frontières irlandaises. Il s'agit sans doute de l'un des romans les plus importants de cette année. » The Irish Examiner
« Cette dystopie est exactement ce dont nous avons besoin pour sortir de notre complaisance, de cette illusion réconfortante selon laquelle le fascisme surgirait toujours loin de nous, dans l'espace comme dans le temps. » The Washington Post -
Une femme perd son chat. En l'enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor. Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l'espace d'un an, sa vie est entièrement transformée.
« J'avais sept ans. J'ai toujours pressenti qu'une douleur lumineuse me toucherait un jour. Je savais que cette douleur inexplicable proviendrait de cette heure où tout, quand j'étais petite, s'était perdu. Il y avait une sorte de neige à la fin de mon enfance qui tombait en silence. Tout devait sortir du fond du monde comme le soleil sort de la nuit. »
Pascal Quignard est né en 1948 à Verneuil-sur-Avre (France). Il vit à Paris. Il est romancier (Carus, Le Salon du Wurtemberg, Tous les matins du monde, Terrasse à Rome, Villa Amalia, Les Solidarités mystérieuses, Les Larmes, Dans ce jardin qu'on aimait, L'Amour la mer). Il a composé deux ensembles où la fiction est mêlée à la réflexion (Petits traités, 1981-1990, tomes I à VIII ; Dernier royaume, 2002-2023, tomes I à XII). -
À Rome, dans la famille de son épouse où il passe Noël, la vie de Hanif Kureishi bascule du jour au lendemain.
Le 26 décembre 2022, Hanif Kureishi perd connaissance et chute. Cet accident le laisse définitivement paralysé. Depuis son lit d'hôpital dans une ville qui n'est pas la sienne, où les soignants parlent une langue étrangère, l'envie profonde d'être rapatrié dans un hôpital chez lui, à Londres, est plus forte que tout. Mais une fois rentré, quand rien ne s'arrange, il faut trouver d'autres sources de motivation. Face à l'état de dépendance auquel il est confronté, Hanif Kureishi se réapproprie une forme de langage, et écrit pour survivre. Ou plutôt, n'étant plus capable de faire usage de ses mains, il dicte à ses proches ce qui sera le contenu de ce récit, en partageant jour après jour son intimité de tétraplégique. Sa famille devient sa plume et le témoin de ses pensées les plus personnelles, sur son état de santé, mais aussi sur la parentalité, l'amour, l'immigration, le sexe et l'écriture. En résulte ce journal d'une vie en morceaux, consignée avec une honnêteté cinglante, et beaucoup d'humour.
L'auteur se dévoile sans pudeur et partage à ses lecteurs la vulnérabilité qui caractérise cette nouvelle vie, faite de douleur et de perte, mais animée par des sentiments de gratitude, d'humilité et d'amour. Les modestes progrès que permet la rééducation donnent à Hanif Kureishi un espoir secret: celui de pouvoir de nouveau écrire son nom.
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Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l'autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu'elle n'a pas revu depuis dix ans. Dans l'appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu'elle s'interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d'un citoyen tchèque enrôlé de force dans l'armée allemande après l'invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ?
C'est le début d'une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d'emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s'étendront sur deux années, s'appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu'elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d'un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXème siècle ? À travers le parcours accidenté d'un jeune homme pris dans la tourmente de l'Histoire, c'est toute la tragédie du XXème siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d'un avenir de sauvagerie.
Dans ce texte kaléidoscopique, alternant fiction et analyse, récit de voyage, légendes familiales, versions alternatives et compagnonnage avec Kafka, Gombrowicz, Zweig et Kundera, Vanessa Springora questionne le roman de ses origines, les péripéties de son nom de famille et la mythologie des figures masculines de son enfance, dans une tentative d'élucidation de leurs destins contrariés. Éclairant l'existence de son père, et la sienne, à l'aune de ses découvertes, elle livre une réflexion sur le caractère implacable de la généalogie et la puissance dévastatrice du non-dit. -
Anna est née de père inconnu aux yeux de l'état civil. Ce père, elle le connaît pourtant. Arrivé d'Algérie en 1962, il travaillait comme laveur de carreaux. Anna croisait souvent sa silhouette, en scooter dans les rues de Tours, transportant sur son dos son matériel et son échelle.
Sur l'avenue de verre qui traverse la ville, il a passé sa vie à effacer des traces. Après sa mort, Anna tente, elle, de retrouver d'autres signes estompés, ceux de la relation qui les a unis mais également ceux du monde qu'il a quitté, de l'autre côté de la mer. Ceux d'un drame qu'elle suspecte mais qui demeure voilé.
Dans cette émouvante quête intime, Clara Breteau renoue avec un père dont le métier était de faire corps avec les vitrines qu'il nettoyait - tour à tour cloisons qui séparent et surfaces où les signes se déposent. En jouant sur les transparences et les opacités de l'histoire familiale et coloniale, l'écriture touche au plus près ce qui était resté scellé, pour mieux retisser la mémoire.
Clara Breteau vit à Tours. L'avenue de verre est son premier roman. -
- Alors qu'est-ce que vous faites dans la région, dites-moi un peu, s'inquiète le commandant Parker.
- Disons que c'est pour un film que je suis en train de tourner, indique Robert. Comme vous voyez.
- On ne m'en avait pas averti, regrette le commandant, mais voilà qui m'intéresse beaucoup. Et quel genre de film, au juste ?
- Toujours pareil, expose Robert, l'amour et l'aventure. Avec l'Afrique et ses mystères, vous voyez le genre.
- Ah oui, soupire le commandant Parker, je vois en effet très bien le genre. Et pour votre histoire d'amour, vous avez pris quelle actrice ?
- Céleste, dit Robert. Céleste Oppen. -
« Sois polie sois jolie, ne ris pas trop fort juste un peu, tiens-toi bien, ne bois pas trop mais un peu quand même, cache-toi pour manger c'est ramadan. Démaquille-toi pour avoir l'air pâle, attends montre ? Mais tu ressembles à rien, maquille-toi. Fais voir tes belles jambes baisse les stores, fais comme si tu étais pieuse comme si tu aimais faire l'amour. Comme si tu n'étais pas toi. »
Écartelée entre des dictats contradictoires visant à faire d'elle « une bonne Marocaine » et « une vraie Parisienne », une jeune femme se débat et lutte pour sa liberté. Un premier roman coup de poing. -
La maison hantée
Michèle Audin
- Éditions de Minuit
- Roman Francais Minuit
- 2 Janvier 2025
- 9782707355966
Je voulais écrire un roman de Strasbourg pendant son annexion par le IIIe Reich.
Pas l'histoire haletante d'un réfractaire poursuivi par la Gestapo. Non, simplement un roman de la vie quotidienne.
Mais il n'y a plus de témoins.
Et puis, dans un carton d'archives, j'ai découvert Emma... et les fantômes de la rue Dunat-Diehr. -
Vers l'écriture : Récit de transmission
Jeanne Benameur
- Actes Sud
- Romans, Nouvelles, Recits
- 2 Janvier 2025
- 9782330201692
"Si on considère l'écriture comme un art qui nous engage, loin des exercices scolaires, nécessaires mais insuffisants, tout aussi loin de l'idéal du texte qui, dans les fantasmes de chacun, serait le sésame du texte publié, alors une chance nous est donnée d'installer cette pratique au coeur de nos vies. Palpitante quête. C'est le désir auquel nous donnons place et force."
Où, entre récit de transmission et autoportrait en creux, Jeanne Benameur partage, plus qu'une méthode - d'écriture mais aussi d'ateliers d'écriture, qu'elle a élaborée pendant toute une vie - un rapport au monde. -
Entre vagues et falaises, comme née du paysage, une femme apparaît au bord de la mer, portée par un chagrin plus grand qu'elle. Le livre raconte sa prise d'élan vers une autre version d'elle-même, une évasion : Marie, mère et sainte, s'affranchit ici doucement mais sûrement de l'iconographie qui la fige. Et de la liturgie qui lui coupe la parole. Elle se découvre aussi, à la rencontre des autres, de ceux - proches ou lointains, présents ou futurs - qui ne laisseront pas de traces ailleurs que dans la mémoire des vivants.
Le roman comme un affût. -
Notre-Dame de l'univers : L'univers de Notre-Dame
Philippe Le Guillou
- Gallimard
- Blanche
- 2 Janvier 2025
- 9782073080448
Le 15 avril 2019, un terrible incendie ravageait Notre-Dame de Paris. Depuis la passerelle des Arts, j'ai vu les flammes lécher le beffroi nord de la cathédrale. Dès les premières heures du drame, l'événement a pris une dimension planétaire. Le lendemain, j'ai marché non loin du monument, dont la carcasse béante fumait encore. C'est alors que m'est venue l'idée d'un livre consacré à Notre-Dame, une sorte d'exploration de son histoire, de Maurice de Sully jusqu'à nos jours, une célébration de cette symphonie de pierre, des heures glorieuses aux moments les plus sombres, des profanations révolutionnaires aux grandes cérémonies liées à l'histoire de France. J'ai ainsi rencontré plusieurs acteurs de la reconstruction, le général chargé de diriger les opérations de relèvement de l'édifice, l'archevêque de Paris, le recteur de la cathédrale, le designer choisi pour concevoir le nouveau mobilier liturgique. C'est ce roman de la cathédrale qui se déploie, de Napoléon au général de Gaulle, de Hugo à Claudel, un récit doublé d'une enquête sur l'univers de Notre-Dame, son mystère, ses liturgies, les enjeux et les conditions de sa restauration. P.L.G.
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Dans ce livre où la folie d'écrire produit "des milliers de ronds" dans l'eau de la mémoire, l'auteur de "La Maison indigène" prolonge l'exploration à la fois poignante et ironique de ses origines d'écrivain - afin de vérifier sans doute la fameuse hypothèse de Proust : "La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c'est la littérature."
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Depuis la périphérie maritime d'un appartement familial empoisonné par la toute-puissance d'un chef de famille, en compagnie de La Figure, autant guide fictif, acolyte picaresque (« Un jour mon Sancho Panza, un autre ma tempête intérieure ») que double indispensable, le narrateur témoigne du difficile combat d'une émancipation personnelle. Comment il faudra en finir avec l'appétit de vengeance qui sait si bien le tenir droit. Dans la matière de sa mémoire, et ses refuges imaginaires, il installe son chantier de fouille. Le texte, comme un tunnelier piloté par un clown ou un toréro, s'enfonce dans le passé avec obstination, pour ressurgir ici et là. Drôle, tragique, poème de gravas, de haine, de fracas, poème d'amour et de doutes, et surtout, avant tout, chant pour la mère.
Bertrand Belin livre un formidable récit pudique et joueur, qui détourne l'aveu autobiographique dans un langage fracassant. Avec cette confidence ultime et poignante : « Mais peut-être que je fanfaronne. De toute évidence, je ne crois pas à la possibilité de mon récurage. » -
Prisonnier du rêve écarlate
Andreï Makine
- Grasset
- Litterature Francaise
- 2 Janvier 2025
- 9782246840152
Ce grand roman-destin retrace un demi-siècle d'histoire de l'Union soviétique et de la France à travers l'intense aventure humaine de Lucien Baert, jeune communiste français "prisonnier du rêve écarlate".
Arrivé à Moscou en 1939 pour découvrir la promesse d'un paradis sur terre, il connaîtra l'envers du décor : l'extrême cruauté du régime, les tortures dans les camps du Goulag, la sauvagerie de la guerre. Mais aussi la communion des âmes meurtries et l'amour d'une femme, Daria, avec qui il saura reconstruire leurs vies brisées.
Près de trois décennies plus tard, Lucien parvient à traverser le rideau de fer pour tenter de retrouver les siens. Mais ce revenant du grand Nord ne reconnait plus sa patrie. Comment pourrait-t-il se fondre dans le confort d'une "société d'estomacs heureux" et prendre au sérieux la révolution d'opérette de 1968 ? Lui faudra-t-il se renier, en effaçant son passé ? Ou bien tenter l'impensable retour à Tourok pour reconquérir son rêve de fraternité et son amour perdu ?
Un puissant roman sur la barbarie stalinienne et le rejet de l'hypocrisie occidentale, où s' exprime la foi dans une humanité digne de ce nom. -
«Au moment où s'ouvre ce livre, je romps une promesse. Lorsque je l'ai faite, c'est idiot, j'étais sûre que je la tiendrais. Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n'est-ce pas d'y croire ?» Que s'est-il passé avec son compagnon pour que la romancière Claire Lancel doive se défendre devant un tribunal ? Au fil du récit, elle raconte comment elle s'est peu à peu laissé entraîner dans une histoire faite de manipulations et de mensonges. Dans ce roman haletant comme un thriller, Camille Laurens questionne le narcissisme contemporain, l'absence d'empathie, et se demande comment sauver l'amour de ses illusions. Elle nous invite à le célébrer et à le vivre, au-delà des promesses trahies.
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En février 1914, le prince Félix Youssoupoff épouse la très belle Irina Romanova, la nièce du tsar Nicolas II. Entre autres joyaux composant sa corbeille de mariage, il lui offre un bandeau de diamants d'une étonnante modernité, le Triple Soleil. Après l'effondrement du régime tsariste en 1917, le couple princier doit fuir la Russie et s'exiler en France. Félix Youssoupoff a fait cacher sa collection de bijoux sous un des escaliers de son palais moscovite. En 1925, il découvrira dans la presse une photographie des bolcheviks occupés à démanteler ce trésor. Le diadème Triple Soleil, encore intact, se trouve au centre de la table. La scène illustre le contraste fascinant entre la splendeur des bijoux de haute joaillerie et leur destin commun : le plus souvent, ils disparaissent dans des conditions tragiques. Véritables attributs du pouvoir, ils sont indissociables des soubresauts de l'histoire et des turpitudes des grands. À partir des archives de la maison Chaumet, Laurence Cossé fait revivre des figures brillantes de l'Empire à nos jours dans un jeu de récits aussi documentés que romanesques.
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Tenir la ligne : 40 dessins pour Charlie (2015-2025)
Collectif
- Gallimard
- Tracts
- 2 Janvier 2025
- 9782073112347
« Sommes-nous encore Charlie ? Dix ans après les massacres de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher, descendrions-nous encore dans la rue pour défendre le droit à la satire, à l'humour, et plus largement à notre liberté d'expression, et le rejet de toute forme de violence ? Alors que la France se prépare à cet examen de conscience autour des commémorations du 7 janvier 2015, on peut déjà dire qu'ailleurs dans le monde, la tendance n'est pas très Charlie. Depuis 2024, la majorité des terriens vivent dans un pays qui pratique la censure du dessin de presse, partielle ou totale. [...] Nous avons le devoir, parce que nous sommes quasiment les derniers debout, de brandir ostensiblement la bannière du droit à la satire et à la liberté de la presse. »
Kak, président de Cartooning for Peace