Dans un contexte où la société redéfinit la place de la femme, où la structure familiale se modifie et où la façon de donner la vie évolue, voici le guide idéal pour vivre sa grossesse à deux, de manière totalement libre et éclairée, loin des clichés sexistes et des injonctions culpabilisantes ! Avec beaucoup de bienveillance et d'humour, Pihla Hintikka et Élisa Rigoulet se sont employées à abattre les préjugés liés à la grossesse, en abordant sans complexe tous les sujets a priori tabous de la conception à l'accouchement. L'objectif : donner toutes les informations nécessaires pour aider les futurs parents à effectuer leurs choix sans pression familiale, sociale ou culturelle.
1984. Cléo, treize ans, de milieu modeste, se voit un jour proposer d'obtenir une bourse délivrée par une mystérieuse Fondation pour réaliser son rêve : danser. Mais c'est un piège, sexuel, monnayable, qui se referme sur elle et dans lequel elle va précipiter d'autres collégiennes.
2019. Un fichier de photos est retrouvé sur internet et suscite un appel à témoins destiné à identifier les anciennes victimes de la Fondation. Devenue danseuse de variétés, Cléo comprend que le passé est revenu la chercher, et qu'il est temps pour elle d'affronter son double fardeau de victime et de coupable.
À travers le portrait qu'en dressent ceux qui ont croisé et aimé Cléo, Lola Lafon explore, dans ce roman d'une justesse bouleversante, les systèmes de prédation et leur mécanique implacable. Avec empathie, elle dit aussi les corps sublimés et les corps souffrants, les lois du silence, l'impossibilité du pardon, et le sourire obligatoire derrière lequel sont tapies tant de douleurs.
Parmi les spécialités traitant de la santé des femmes, la gynécologie occupe une place à part : à la différence de l'obstétrique ou de la chirurgie gynécologique, elle ne porte pas sur un moment particulier de la vie corporelle, la maladie, la grossesse ou l'accouchement, mais consiste à suivre les patientes sans justification médicale apparente de la puberté jusqu'à la mort. Elle repose donc sur l'idée que les femmes nécessitent un suivi spécifique et régulier.
Ce livre se donne pour but de défaire cette évidence : pourquoi les femmes doivent-elles consulter un gynécologue une fois par an ? Cette injonction, qui n'a bien sûr pas d'équivalent pour les hommes (il n'existe pas d'« andrologie »), correspond à ce qu'Aurore Koechlin appelle la « norme gynécologique ».
Pour l'étudier, elle a choisi de mener une enquête ethnographique au long cours, sur plusieurs terrains, auprès de praticien·ne·s et de patientes. Ainsi, elle interroge en féministe, au plus près de l'expérience, la nécessité du suivi gynécologique, la manière dont les femmes le vivent et la curieuse pathologisation du corps féminin qu'il implique. Elle retrace les étapes de la « carrière gynécologique », identifie ses effets, notamment psychiques, examine les relations médecins/patientes et l'inégale qualité des soins prodigués selon la classe et la race, et, enfin, s'intéresse aux résistances, partielles ou totales, à cette norme gynécologique, qui prennent par exemple la forme de l'auto-gynécologie.
Salomé, dite Omé, a des poils aux jambes et sous les bras. Elle s'en fiche comme de sa première tétine mais pas son entourage : sa mère l'envoie se faire épiler chez l'esthéticienne. Une habitude qu'a déjà Mafalda, sa meilleure amie.
L'expérience est douloureuse pour Omé. Ce qui lui donne à réfléchir : pourquoi devrait-elle se débarrasser de ses poils ?
Après une rencontre avec des femmes qui ne s'épilent pas et l'assument, Omé décide d'en faire autant.
Mais saura-t-elle rester debout face aux jugements des autres collégiens ?
« Sur mon carnet bleu j'ai écrit : «C'est l'histoire de quatre femmes. Elles se sont aventurées au plus loin. Jusqu'au plus obscur, au plus dangereux, au plus dément. Ensemble, elles ont détruit le pavillon des cancéreuses pour élever une joyeuse citadelle.» » S. C.
Libraire pudique et discrète, Jeanne est brusquement animée par une rébellion intérieure lorsque son médecin lui détecte une tumeur cancéreuse au sein. Métamorphosée, elle découvre alors la véritable liberté, l'urgence de vivre, et goûte à l'ivresse de l'insoumission et de l'illégalité aux côtés de Brigitte, Mélody et Assia.
«Le directeur a été très gentil avec moi le jour de mon embauche. J'ai eu la permission de gérer ma parfumerie toute seule. Ça marchait bien. Seulement, quand les premiers symptômes sont apparus, j'ai dû quitter la parfumerie. Ce n'était pas une histoire de décence ni rien ; c'est juste que tout devenait trop compliqué. Heureusement, j'ai rencontré Edgar, et Edgar, comme vous le savez, est devenu président de la République. C'était moi, l'égérie d'Edgar. Mais personne ne m'a reconnue. J'avais trop changé. Est-ce que j'avais raté la chance de ma vie ? En tout cas, je ne comprenais toujours pas très bien ce qui m'arrivait. C'était surtout ce bleu sous le sein droit qui m'inquiétait...»
«Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. Lire dans un roman le récit d'un avortement me plonge dans un saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient instantanément en sensation violente. De la même façon entendre par hasard La javanaise, J'ai la mémoire qui flanche, n'importe quelle chanson qui m'a accompagnée durant cette période, me bouleverse.»Annie Ernaux.
Il existe à New York une rue au nom évocateur : Division Avenue. Elle se situe dans une partie spécifique de Brooklyn, le quartier juif orthodoxe. C'est là que vit Surie Eckstein, qui peut s'enorgueillir d'avoir vécu une vie bien remplie : mère de dix enfants, elle passe des jours tranquilles avec sa famille. Alors qu'elle pensait être ménopausée, Surie découvre qu'elle est enceinte. C'est un choc. Une grossesse à son âge, et c'est l'ordre du monde qui semble être bouleversé. Surie décide de taire la nouvelle, quitte à mentir à sa famille et à sa communauté. Ce faisant, Surie doit affronter le souvenir de son fils Lipa, lequel avait - lui aussi - gardé le silence sur une part de sa vie. Un secret peut avoir de multiples répercussions ; il permettra peut-être à Surie de se réconcilier avec certains pans de son passé.
Avec Division Avenue, Goldie Goldbloom trace le portrait empathique, tendre et saisissant d'une femme à un moment charnière de son existence. Et nous livre un roman teinté d'humour où l'émancipation se fait discrète mais pas moins puissante.
Un homme soumet ses deux filles à toutes les brimades et les humiliations. Les tenir en laisse, les forcer à marcher à quatre pattes, les frapper avec des objets, leur promettre d'abuser d'elles, un jour... Sans que la mère s'interpose jamais. Viol suspendu, inceste latent. Personne ne s'étonnera si l'une d'entre elles, devenue adulte, finit par mordre.Chienne est l'histoire de cette jeune femme en morceaux qui, s'appuyant sur les pouvoirs de la littérature, se bat pour retrouver un corps et une parole.
Sur une Terre dévastée, les hommes sont devenus rares, un virus déséquilibrant les naissances. Le Pays des Mères a toutefois pu s'établir en ayant recours à l'insémination artificielle.La jeune Lisbeï se pense promise au titre de « Mère », jusqu'au jour où elle apprend sa stérilité. Loin de chez elle, devenue « exploratrice », elle accomplira l'un de ses rêves les plus chers : découvrir les secrets du lointain passé du Pays des Mères.Chroniques du Pays des Mères propose une réflexion douce, intime et profonde sur ce que pourrait être un monde blessé, entretenu et réparé par les femmes. Son écriture, son style comme ses thématiques entrent tout particulièrement en résonance avec les questions contemporaines.
Deirdre, une star de la télévision à la beauté incomparable, décède brutalement lors d'un incendie.
Mais c'est sans compter sur le pari fou de son impresario et d'un scientifique de génie, Maltzer, qui décident de transplanter son cerveau dans un corps artificiel.
Quand Deirdre revient à la vie dans son corps de métal elle veut alors reprendre sa carrière, au grand désarroi de son impresario qui est convaincu que, sans la sensualité d'un corps de femme, sa carrière est vouée à l'échec. Maltzer, quant à lui, est dépassé par sa création et regrette d'avoir joué à l'apprenti sorcier.
Écrit en 1944, ce texte fait écho aux débats actuels autour du transhumanisme et des « corps augmentés ».
Mais surtout, c'est le récit d'une femme qui se bat pour faire entendre ses opinions face à deux hommes.
Éditorial : Maud Simonnot, «Sous sa couverture d'un rouge éclatant, le nouveau numéro de la Nrf fait volontairement coexister deux dossiers aux antipodes l'un de l'autre.»Femmes : Claire Marin, Ton âgeHélène Gestern, Être neutre, être femmeKerwin Spire, Vies de Lesley BlanchCarol Ann Duffy, Mme la BêteNathalie Azoulai, Pour Sylvie Guillem, et tout le tralala du corps des fillesPatrick Autréaux, Le livre-placenta. Água viva de Clarice LispectorJulia Kerninon, Le personnage féminin. Les Lionnes de Lucy EllmannCamille Dejardin, John Stuart Mill, Harriet Taylor et l'émancipation des femmes : liberté, égalité, mixitéHemley Boum - Anne-Sophie Stefanini, Nos libertésAnna Ayanoglou, Symptômes, jour et Symptômes, nuitLe dossier Céline : Louis-Ferdinand Céline, La vieille dégoûtante (nouvelle inédite)Philippe Bordas, L'ultrafin célinienAlban Cerisier, Ce fut Angèle ma première lectrice. Sur Londres de CélineYves Pagès, Londres : hors champ cosmopolite pour apatrides désenchantésJavier Santiso, Les dimanches on sort les vieuxJosselin Guillois, Fragments d'un Journal (fictif) de Louis-Ferdinand CélineDans la bibliothèque de... : Michèle Gazier, Dans la bibliothèque d'Annie ErnauxCritiques libres : Maylis Besserie, Patrick Grainville, Trio des Ardents (Seuil)Dominique Barbéris, Karel Schoeman, Le jardin céleste (Acte Sud)David Rochefort, Mathieu Belezi, Le petit roi (Le Tripode)Olivier Barrot, La Comédie-Française en trois actesPatrick Amine, La réouverture du musée royal des Beaux-Arts d'AnversSean J. Rose, «Le bégaiement de l'histoire», Thomas Demand au Jeu de Paume
Prix Page-America 2022. Sélection Les 100 livres de 2022 - Lire magazine littéraire« Bouleversant.» Le Figaro Madame « Une révélation. » Lire-Magazine littéraire« Une grande oeuvre littéraire. » Marianne« Universel et inattendu. » TechnikartEn Californie, une adolescente noire est décidée à survivre, coûte que coûte, dans un monde qui se refuse à la protéger. Un premier roman coup de poing. Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d'East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et par la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa soeur se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s'accumulent et l'expulsion approche.Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s'en sortir. Elle décide de vendre son corps, d'arpenter la nuit. Rien ne l'a pourtant préparée à la violence de cet univers, et surtout pas la banale arrestation va la précipiter dans un enfer qu'elle n'aurait jamais imaginé.Un roman à la beauté brute, porté par la langue à fleur de peau de Leila Mottley. « Une écriture qui étincelle de poésie, d'humour et de réalisme. » Télérama « Un roman inoubliable et une plume à suivre. » Le Parisien Week-End« Un roman audacieux et beau, une histoire déchirante qui rend hommage à la résilience des femmes victimes de violence. » Publishers Weekly « Une plume somptueuse et poétique, une finesse d'analyse remarquable. » Kirkus Reviews« Leila Mottley a la délicatesse d'une poétesse lorsqu'il s'agit de nous révéler les plus brutales et déchirantes vérités. » Dave Eggers« Elle écrit avec l'humilité et le scintillement d'une enfant, mais aussi avec le talent et la maîtrise d'une conteuse chevronnée. » James McBride
Je m'appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m'oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de «Médecine de La Femme», dirigée par un barbu mal dégrossi qui n'est même pas gynécologue, mais généraliste! S'il s'imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu'est-ce qu'il croit? Qu'il va m'enseigner mon métier? J'ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas - et je ne veux pas - perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur coeur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu'elles pourraient m'apprendre.
«Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie.» Au nord du Cameroun, au sein des riches familles peules et musulmanes, la patience est la vertu cardinale enseignée aux futures épouses. Malheur à celle qui osera contredire la volonté d'Allah ! Entre les murs des concessions, où règnent rivalité polygame et violences conjugales, la société camerounaise condamne ces femmes au silence.Mais c'est aussi là que les destins s'entrelacent. Ramla, arrachée à son premier amour ; Safira, confrontée à l'arrivée d'une deuxième épouse ; Hindou, mariée de force à son cousin : chacune rêve de s'affranchir de sa condition. Jusqu'où iront-elles pour se libérer ?
« Depuis tant d'années, je tourne en rond dans ma cage, mes rêves sont peuplés de meurtre et de vengeance. Jusqu'au jour où la solution se présente enfin, là, sous mes yeux, comme une évidence : prendre le chasseur à son propre piège, l'enfermer dans un livre. » Séduite à l'âge de quatorze ans par un célèbre écrivain quinquagénaire, Vanessa Springora dépeint, trois décennies plus tard, l'emprise qui fut exercée sur elle et la trace durable de cette relation tout au long de sa vie de femme. Au-delà de son histoire intime, elle questionne dans ce récit les dérives d'une époque et d'un microcosme littéraire aveuglé par le talent et la notoriété.Un livre phénomène traduit dans vingt-deux langues et actuellement en cours d'adaptation cinématographique.D'une précision implacable, Le Consentement éclaire d'une lumière crue et glaçante cette zone grise dans laquelle se trouve un être sous emprise. L'Obs.Un conte noir des années soixante-dix. Un conte vrai. Transfuge.GRAND PRIX DES LECTRICES ELLE DOCUMENT.PRIX JEAN-JACQUES ROUSSEAU.
11 monologes inédits
Ils sont deux à se partager la clientèle du cabinet. Jean Baudoin, le fondateur, la cinquantaine à la fois fringante et fatiguée. Il ne garde jamais les gens plus de dix minutes, distribue les médocs comme les regards méprisants. Les malades l'énervent de plus en plus. Et Vianney Chasseloup, un débutant, avec des yeux d'âne, un prénom de saint, une triste figure de chevalier, les cheveux en pagaille et le veston froissé. C'est lui qui soigne tous ceux dont Baudoin ne veut plus : les vieux, les gâteux, les paumés, les cas désespérés. Mais voilà qu'un jour, parmi les patients du docteur Chasseloup, se glisse une toute jeune fille aux yeux bleus, presque violets. Violaine. Elle a tout pour être heureuse. C'est la fille du docteur Baudoin. Alors, qu'est-ce qu'elle fait là ?
Helsinki, 2016. Olenka, assise sur un banc dans un jardin public, observe un couple et ses deux enfants en train de jouer avec leur chien. Soudain, une femme s'approche. Malgré les années, Olenka la reconnaîtrait entre mille. C'est Daria. Elle seule sait ce qu'a fait Olenka, d'où elle vient et de qui elle se cache. Pendant un court instant, les voici à nouveau réunies, spectatrices impuissantes de la vie qu'elles auraient pu avoir, si elles avaient fait d'autres choix.
De la Finlande contemporaine à l'Ukraine postsoviétique, Sofi Oksanen lève le voile sur un pan de l'histoire européenne et retrace la trajectoire de deux femmes prises dans un implacable engrenage, dans un monde où le politique se mêle à la vengeance, la corruption à l'amour, et où le corps féminin est trop souvent réduit à une marchandise.Un livre ambitieux par son ampleur et audacieux par les sujets qu'il aborde. Sylvie Tanette, Les Inrockuptibles.Un grand roman. Bruno Corty, Le Figaro littéraire.Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli.
Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Galaad, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, servante écarlate parmi d'autres à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de sa femme. Le soir, dans sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau clandestin, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Paru en 1985, La Servante écarlate est aujourd'hui un classique de la littérature anglo-saxonne et un étendard de la lutte pour les droits des femmes. Si la série adaptée de ce chef-d'oeuvre a donné un visage à Defred, celui d'Elisabeth Moss, cette nouvelle traduction révèle toute sa modernité ainsi que la finesse et l'intelligence de Margaret Atwood. La Servante est un roman polysémique, empli de références littéraires et bibliques, drôle même... et c'est à nous, lecteurs, de découvrir ses multiples facettes.
«Cela s'était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Sans qu'elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s'asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l'insomnie qui accompagne la faim qu'on ne sait plus reconnaître. Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu'elle était arrivée au bout et qu'il fallait choisir entre vivre et mourir.»
« J'ai même pas osé mettre la langue la première fois que j'ai embrassé une fille. C'était après Laurent. Avant je savais mais c'était théorique. J'ai fait un effort pour la deuxième. Je lui ai roulé une vraie pelle. Ça m'avait flattée comme un mec qu'elle soit mannequin. On progressait. J'avais toujours peur, mais moins. Sauf qu'à chaque fois on en était restées là. Ou plutôt elles en étaient restées là avec moi. Des hétéros qui se posaient vaguement la question et qui avaient calé. Des filles plus jeunes que moi, mais des filles comme moi. »
États-Unis, demain. L'avortement est interdit, l'adoption et la PMA pour les femmes seules ou en couple, sur le point de l'être aussi. Non loin de Salem, sur la côte Ouest, il y a Ro, célibataire, aux prises avec la biographie d'une exploratrice islandaise du xixe siècle, qui tente de concevoir un enfant grâce à un don de sperme ; Susan, lasse de sa vie de mère au foyer et de la banalité des jours qui passent ; la jeune Mattie, née sous X, qui se rêve scientifique, libre, brillante. Et il y a Gin. Gin la guérisseuse, la marginale, qui vit dans la forêt au milieu de ses animaux. Gin à laquelle les hommes ont décidé de tenir un procès en sorcellerie parce qu'elle a eu le malheur de vouloir venir en aide à ses semblables... À Salem, à l'aube d'une nouvelle ère, ces quatre femmes voient leur destin se lier.
Une musique libre et joyeuse s'élève des pages de ce premier roman : celle d'un choeur de femmes saluant la venue au monde de la petite Ève, enfant née d'un désir d'amour inouï.
Stéphanie est cheffe de cuisine, elle voulait être mère, mais pas d'une vie de couple. Elle est allée en Espagne bénéficier d'une procréation médicalement assistée, alors impossible en France. Greg, l'ami de toujours, a accepté de devenir le « père intime » d'Ève. Dans à peine deux semaines, aura lieu la fête en blanc organisée pour célébrer la naissance de leur famille atypique, au grand dam de la matriarche aigrie et vénéneuse qui trône au-dessus de ces femmes.
À l'approche des réjouissances, chacune d'elles est conduite interroger son existence et la place que son corps y tient. Toutes, soeurs, nièces, amies de Stéphanie, témoignent de leur quotidien, à commencer par Ève elle-même, à qui l'autrice prête des pensées d'une facétieuse ironie face à l'attendrissement général dont elle est l'objet. Comme dans la vie, combats féministes, tourments intimes et préparatifs de la fête s'entremêlent.
Camille Froidevaux-Metterie dépeint avec une grande finesse cette constellation féminine, tout en construisant un roman dont les rebondissements bouleversent : rien ne se passera comme l'imaginent encore Stéphanie et Jamila, la nounou d'Ève, s'activant la veille du festin tant attendu.
Tour à tour mordante et tendre, l'écriture, dans sa fluidité et ses nuances, révèle un véritable tempérament d'écrivaine.