« Mon manager, Bradley Stevenson, qui au cours des années a été un ami précieux à sa manière, soutient que j'ai en moi l'étoffe d'un vrai pro. Pas seulement comme musicien de studio, mais comme vedette de première division. Il est faux que les saxophonistes ne deviennent plus des vedettes, affirme-t-il, et il répète sa liste de noms. Marcus Lightfoot. Silvio Tarrentini. Ce sont tous des musiciens de jazz, fais-je remarquer. C'est bien ce que tu es, non ? réplique-t-il. Mais je ne le suis encore que dans mes rêves les plus secrets. Dans le monde réel - quand je n'ai pas le visage entièrement enveloppé de pansements comme en ce moment - je suis juste un ténor payé à la journée, raisonnablement sollicité pour l'enregistrement en studio, ou lorsqu'un groupe a perdu son saxo habituel. S'ils veulent de la pop, je joue de la pop. R&B ? Parfait. Publicités pour des voitures, thème musical d'un talk show, j'accepte. Ces temps-ci je suis un musicien de jazz seulement quand je suis enfermé dans mon réduit. » Deux textes mélancoliques et désenchantés issus du seul recueil de nouvelles - Nocturnes, Cinq nouvelles de musique au crépuscule - de Kazuo Ishiguro, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2017.
Daisy Jones et The Six... le groupe de rock le plus mythique de tous les temps. De leurs débuts dans les bars miteux d'un Sunset Strip écrasé de soleil californien à la gloire, leur histoire est celle d'une ascension fulgurante. C'est aussi celle de Daisy Jones, l'icône ultime. Mais le 12 juillet 1979, après le plus mémorable des concerts, le groupe a éclaté. Personne n'a jamais su pourquoi... Jusqu'à aujourd'hui. Musiciens, fans, managers, amants, gardiens d'immeubles, ils ont tous été les témoins de cette histoire... Mais quarante ans plus tard, chacun a sa propre version de la vérité.
Sofia, Bulgarie, les années 1980. Sous le joug du régime communiste, Konstantin, quinze ans, prodige du piano, fume, boit, aime, et trouve refuge dans les sonates de Chopin. Sagace, arrogant, sensible et cruel, il tente d'apprivoiser sa vie - déchirée entre les paradoxes de son âge et les affres du génie, le désir brûlant d'être le meilleur et l'irrésistible tentation de l'échec... Rhapsodie survoltée et hymne vibrant à la musique, à l'esprit de rébellion et à la beauté : Nikolai Grozni signe un premier roman fulgurant, à l'écriture incandescente.
« La prose miroitante et viscérale de Nikolai Grozni déferle telle une symphonie, avec un piano à queue pour machine à écrire infernale ».
Patti Smith
Lorsque Jimi Hendrix entame les premières notes de l'hymne national américain devant la foule de Woodstock, c'est le cri retentissant de toute une génération qu'il fait entendre. Une génération qui ressent un violent sentiment de révolte face à la guerre du Vietnam. Une génération pour laquelle la musique représente un refuge, un foyer. Dans une langue inspirée et mélodieuse, Lydie Salvayre retrace la vie du célèbre guitariste. Elle entonne un hymne captivant à la gloire d'un musicien de légende.
« Une écriture très cinématographique ».
FRANCE MUSIQUE.
Dans l'Italie du XVIIe siècle, Antonio, jeune luthier de Crémone, entreprend cinq voyages dans la région des « Montagnes roses » dans le but d'acheter du bois pour ses violons. Ces voyages le mèneront à une histoire d'amour passionnelle, mais aussi à la quête d'une vie. Car là-bas, au lever du soleil, une jeune fille lui inspirera le plus magnifique des instruments. Et Antonio deviendra le célèbre Stradivarius.
Né lors d'une traversée, Novecento, à trente ans, n'a jamais mis le pied à terre. Naviguant sans répit sur l'Atlantique, il passe sa vie les mains posées sur les quatre-vingt huit touches noires et blanches d'un piano, à composer une musique étrange et magnifique, qui n'appartient qu'à lui : la musique de l'Océan dont l'écho se répand dans tous les ports.
Sous la forme d'un monologue poétique, Baricco allie l'enchantement de la fable aux métaphores vertigineuses.
Voici le roman d'une poignée d'artisans de génie installés à Crémone, dont Antonio Stradivari, le plus grand luthier de tous les temps, qui achève de transformer le violon vulgaire et grinçant des ménétriers en instrument royal.Durant plus de soixante ans, l'atelier de Stradivari livre aux rois et aux princes des violons aux sons et aux vernis magiques, jamais égalés depuis.Dans le roman de Jean Diwo, la musique baroque fait vibrer les chapelles, les salles de concerts, et se mêle intimement à l'histoire des luthiers. À Rome, Corelli fait pleurer la reine Christine de Suède en jouant de son stradivarius et le révérend Antonio Vivaldi entraîne Venise dans le tourbillon de ses «Quatre Saisons». Le «Prêtre roux», s'il ne dit pas la messe, dirige de son archet enchanté l'école de musique des jeunes filles de la Pietà et trimbale à travers les cours d'Europe, et jusqu'au Vatican, sa cohorte de nonnettes musiciennes et chanteuses.Ainsi, pris par la magie du violon, artisans et grands seigneurs, jeunes femmes espiègles et mères de famille austères, apprentis et virtuoses vivent, aiment et meurent dans une Italie à la fois rayonnante et déchirée.
En 1926, le coeur d'Harlem est en pleine ébullition. Le Jazz Age incarne la liberté d'une nouvelle génération de Noirs américains et sème sur la ville un air de folie. J?, en proie au délire, assassine sa jeune maîtresse devant sa femme. Dans un dernier accès de rage, celle-ci se jette à son tour sur la défunte pour lui taillader le visage. Bouleversé par sa propre violence, le couple va chercher dans son passé les traces de son présent ravagé. De l'esclavage à l'exil, Jazz fait entendre la voix exsangue d'un démon intérieur nourri par l'oppression. Prix Nobel de littérature en 1993 pour l'ensemble de son oeuvre, Toni Morrison compose avec son sixième roman une symphonie pour trio infernal.
Loin des idées reçues, il apparaît que la techno est l'aboutissement d'une véritable pensée conceptuelle : celle qui vise l'harmonie entre l'homme et la machine, l'état de transe créé par la répétition des boucles sonores, une projection dans le futur.
Des premiers DJs jusqu'à la popularisation de la techno et l'arrivée des autodidactes, de la musique underground à la musique de dancefloor, Jon Savage parcourt l'histoire de la techno en la resituant dans le contexte socioculturel des pays qui l'ont vu émerger. Le texte s'ouvre sur la description d'un concert de Orbital, Savage comparant les DJ aux personnages de La Guerre des étoiles... Avant tout, la techno est une performance, au sens artistique.
Des arbres du Sud portent un fruit étrange Du sang sur les feuilles et du sang aux racines Un corps noir oscillant à la brise du Sud Fruit étrange pendu dans les peupliers» En 1939, Billie Holiday n'a que 24 ans quand elle interprète pour la première fois Strange Fruit. Non sans susciter le scandale, cette chanson évoque l'assassinat des noirs par lynchage. Protest song avant l'heure et symbole de la marche des Noirs vers l'émancipation, elle fut écrite par un Juif blanc new-yorkais, Abel Meeropol, qui recueillit les enfants Rosenberg après que leurs parents furent exécutés. La revue musicale britannique Q, a classé Strange Fruit parmi les dix chansons qui ont changé la face du monde. David Margolick montre son impact, musical et historique.
Parmi tous ses ouvrages, Adorno attachait la plus grande importance à ce texte-ci, qui résume à lui seul toutes ses thèses sur le processus moderne qui fait de l'art une simple marchandise. En appliquant ses idées à la musique, Adorno en cerne les difficultés actuelles.
Omniprésente, la musique est devenue une marchandise et nous prive de la faculté d'écoute, indispensable à l'appréciation esthétique. Réputée éthérée, au-delà des choses matérielles, la musique est devenue le véhicule de la publicité. L'élève d'Alban Berg plaide pour une écoute désintéressée et exclusive. Un texte dérangeant, parfois provocateur, au croisement de la philosophie, de la sociologie et de la musicologie.
Dans cette conférence donnée à New York en 1948, John Cage jette un regard lucide sur les débuts de sa carrière ponctués d'anecdotes édifiantes. C'est avec la plus totale sincérité que John Cage décrit ici le cheminement qui l'a conduit à devenir compositeur. Il a d'abord commencé par des études d'architecture. À ce sujet, il raconte, non sans humour, un voyage en France, pays qui lui sembla totalement recouvert d'architecture gothique ! Mais très vite, il se tourne vers la peinture et la composition. Il détaille ses influences, ses préoccupations et ses envies. L'éventail de ses références est à cet égard vertigineux : les mouvements de la danse moderne, le jazz, les futuristes italiens ou encore les rites des Indiens Navajo. Sans crier gare, il livre là, de manière extrêmement limpide, une théorie de la musique avant tout tirée de son expérience. On y apprend notamment que sa musique était diffusée à la radio durant la guerre pour démontrer que l'Amérique aimait l'Orient... John Cage se révèle ici, outre un "maître du hasard" à la manière de Duchamp, un immense pédagogue.
John Cage rencontre Marcel Duchamp en 1941. Trente après, il confie dans le présent entretien les souvenirs qu'il conserve de cet homme. Et c'est un véritable hommage d'un artiste à un autre artiste et un témoignage drôle et émouvant sur celui qui «prenait le fait de s'amuser très au sérieux». Les oeuvres de ces deux artistes s'offrent l'une l'autre dans un miroir inversé : Cage explique avec une grande clarté avoir voulu développer la dimension physique de l'écoute quand Duchamp voulait réduire cette dimension dans la peinture. Cage rapporte aussi des anecdotes, et notamment la rare fois où Duchamp a perdu son sang-froid, lui d'ordinaire si magnanime : une mémorable partie d'échecs, que Cage aurait dû gagner mais qu'il a perdue, ce qui a mis Duchamp dans une colère noire...
Daté de 1913, L'Art des bruits, «Manifeste futuriste», impressionne par son anticipation des nouvelles formes de musique : partant du principe que les sons purs ont fait leur temps, il affirme que la musique nouvelle devra tenir compte des bruits, autant sur le plan de l'harmonie que sur celui du rythme. Le premier concert de musique "bruitiste" se tient à Milan en 1914. Le présent texte en explique les caractéristiques et les enjeux. Son auteur distingue six catégories de bruits propres à notre expérience quotidienne. Mais il se défend d'une pure relation imitative avec le réel. Il s'agit de créer une émotion acoustique. Par retournement, il montre la musicalité de notre environnement sonore. Après Russolo, viendront Varèse et Prokofiev, John Cage, Erik Satie ou encore Theremin.
Tout commence dans la boutique d'un luthier, avec l'arrivée d'un jeune homme désireux de vendre une guitare. Un acte dont l'artisan va le dissuader, en lui conseillant d'apprendre d'abord à mieux connaître cet instrument magique.
Ainsi commence un long voyage parmi les siècles et les civilisations. Car la guitare est presque aussi vieille que l'homme. Des pyramides d'Égypte aux derniers temps de l'empire inca, de la cour de Louis XIV aux champs de coton du vieux Sud américain, des doigts de Django Reinhardt à ceux de Jimi Hendrix, elle connaît toutes les musiques et sait dire tous les sentiments.
Une histoire de la guitare, alors ? Oui, à moins que ce ne soit la guitare qui ait tissé l'histoire de l'homme, comme le suggère cette chronique contée avec érudition et tendresse par le romancier de Madame Bâ.
Extraordinaire interprète de l'opéra de Puccini Madame Butterfly, la cantatrice Tamaki Miura donne ce soir un dernier récital bouleversant. Parmi les spectateurs, Kiyohara se remémore un autre récital, vingt ans plus tôt, à la Scala, auquel il assista avec la jeune Hanako. Dans ces deux nouvelles sobres et émouvantes, le grand romancier japonais explore différentes facettes de l'amour et de ses tourments.
A pratique professionnelle du piano suppose une discipline stricte. Elle exclut tout divertissement susceptible d'éloigner l'artiste de son clavier. Pourtant il aimerait, lui aussi, jouir de la lumière du monde, de la douceur de vivre, de la tiédeur de l'air et de l'amour des femmes.
Eh bien non : mort ou vif, le pianiste se doit d'abord à son public.
TOUT Y EST. Il y a le noir de son costume et le blanc de ses cheveux, les boutons de son imperméable prêts à se détacher un par un, son visage livide et ses yeux vides à force de peur. Max Delmarc, pianiste d'une cinquantaine d'années, va bientôt mourir. Jean Echenoz, dès les premières lignes, campe le décor.
La lutte entre la vie et la mort symbolisée par le contraste des couleurs, les traits du visage comme coulés dans du marbre, le compte à rebours égrené par la perte des boutons. Au piano, qui commence et se termine aux alentours de la rue de Rome dans le 17 e arrondissement de Paris, raconte un voyage. On y retrouve les thèmes de la fuite, de l'aller-retour, de l'ennui. Une impression de cataclysme maîtrisée par la tenue d'une langue infrangible.
Au piano n'est pas seulement le plus beau livre de Jean Echenoz. C'est le plus personnel. Le plus risque- tout. On y parle de l'approche de la mort, de la vie mal pesée, de la fuite en avant, de la femme inaccessible. Du non-sens perpétuel dans lequel il faut quand même trouver ses marques. On y voit un homme croiser le fer avec son destin.
Marie-Laure Delorme (Le J.D.D., 12 janvier 2003)
Un artisan luthier au XVII? siècle consacre sa vie et son talent à un célèbre atelier italien quand un drame le force à passer la main ; un tzigane orphelin vit de sa musique et sillonne les routes de France dans les années 1930 en rêvant d'Amérique ; une jeune femme bohème enchaîne les petits boulots et espère voir un jour ses toiles exposées dans le Paris contemporain ; un P-DG infatigable, dont le coeur n'est touché que par les airs classiques qui résonnent dans son bureau new-yorkais, fait une rencontre qui réenchante sa vie...
Si différentes soient-elles, ces quatre destinées sont liées par un violon singulier dont l'âme traverse le temps et l'espace.
A venise, alors envahie par les troupes napoléoniennes, johannes karelsky, violoniste au talent reconnu dès l'enfance, enrôlé dans l'armée française et blessé au combat, trouve domicile chez un mystérieux luthier, passionné d'échecs et amateur d'eau-de-vie.
Très vite, entre ces deux hommes du secret, se noue une complicité faite de respect, de silence et de musique, qui se changera en une amitié que la simple évocation d'une voix de femme, dont on ne sait au juste où elle les entraînera, scellera jusque dans la mort.
Le violon noir, douleur et chef-d'oeuvre du luthier, est-il en fin de compte l'instrument de leur perte ou de leur rédemption ?
Après neige, maxence fermine nous donne à lire un roman envoûtant, écrit dans une langue concise et poétique.
You Sipo, qui était arrivée au village des monts Balou en chantant un air d'opéra, est désormais silencieuse, elle a trop à faire pour élever seule ses enfants malheureusement idiots de naissance. Alors qu'elle est à la recherche d'un « gens-complet » pour marier sa troisième fille, elle apprend que seule une décoction d'os humains venant d'un proche parent serait susceptible de guérir ses enfants. You Sipo fouille la tombe de son défunt époux, le médicament est efficace, mais le squelette du père ne suffit pas. You Sipo se décide au sacrifice suprême. Une dernière fois elle se promène dans le village endormi et retrouve sa voix, arrachant à leurs rêves tous ces gens qui au fil des ans l'ont tant méprisée et lui en ont tant voulu d'avoir fait de leur village celui des « quatre idiots ».
Fin des années 1990, Stéfanie Tremblay prend des milliers de photographies de la scène punk rock de Jonquière, une petite ville industrielle québécoise. Vingtcinq ans plus tard, devenue artiste visuelle et autrice, elle propose avec Musique un retour poétique sur ces années de jeunesse et de rage, loin des grands centres, bien avant Facebook. C'est un regard féminin sur une histoire adolescente nord-américaine : le machisme du rock, la violence de la drogue et la tristesse des banlieues, mais aussi les amours immenses, la tendresse infinie et le devenir artiste.
Voguant entre les univers de Nan Goldin et de Didier Wampas, la poésie de Stéfanie Tremblay est incisive, drôle, sexuelle et profondément émouvante.
loin de chez lui, gunnar passe ses journées à jouer du violon au détriment de ses études.
lorsqu'il apprend que le domaine familial est en décrépitude, que sa mère est ruinée, il décide de rentrer, d'oublier sa musique et d'être enfin raisonnable. confiant, le jeune héritier se met donc au travail en investissant leurs derniers sous dans l'élevage. mais le troupeau est décimé par l'hiver. impuissant, désespéré et honteux, gunnar perd la raison. devenu colporteur, il sillonne la région avec son
éternel violon tel un mendiant halluciné, jusqu'au jour où, effrayé par d'obscures visions, il se réfugie
dans un cimetière...
menant subtilement le lecteur entre naturalisme et fantastique, selma lagerlöf, une fois encore, surprend par la puissance de son écriture.
Avec cette vingtaine de nouvelles, le lecteur part à la rencontre du monde et des autres, à Sète, dans le Vercors, à la Pointe du Raz, en Aveyron et même à New York, à la recherche de Scarlet Rivera, la violoniste de Bob Dylan. Ahmed Kalouaz entremêle habilement autobiographie et romance, c'est ainsi qu'on découvre avec plaisir quelques expériences d'écrivain, lors d'ateliers auprès de collégiens ?ou au détour de résidences plus aventureuses, puis qu'on bascule doucement dans la vie d'un jeune prisonnier de retour à Ouessant ou aux côtés d'une femme qui fait le deuil de son père dans la maison familiale. Ahmed Kalouaz aime bourlinguer et nous transmet son envie, on ressort ?de ce recueil le coeur gonflé de ses rendez-vous manqués ou réussis, de ce que la vie peut nous apporter de tendre, d'apaisé ou de sombre.
Gal Knobel, ancien agent secret d'origine israélienne devenu virtuose du violon, est entraîné par un cardinal du Vatican à enquêter sur les raisons de l'exécution par Hitler, cinquante ans plus tôt, d'un violoniste enrôlé dans la Wehrmacht.